A Madiana les Mardi 13 et Mercredi 21 janvier 2015 19h 30
— Par Roland Sabra —
Mike Leigh a fait le choix de n’aborder que les vingt dernières années de la vie de Turner, celles marquées par un glissement vers les prémisses de l’impressionnisme. Vingt ans c’est peu et beaucoup à la fois. Peu et c’est bien quand on a la volonté d’éviter le biopic plastifié et beaucoup et c’est dommage, quand on échoue. Le film verse dans un esthétisme dénué de contenu, d’émotion de chair en un mot. Ce parti pris, qui n’hésite pas à verser dans un formalisme convenu se constitue paradoxalement en opposition avec ce que Leigh voudrait nous faire toucher du doigt, à savoir la rupture que Turner préfigure ou inaugure, c’est selon, avec l’académisme de l’époque. Le peintre génial est là, sans qu’un quelconque lien avec le misanthrope et forcément misogyne personnage qu’était Turner ne soit abordé. Deux heures trente pour nous dire que l’on peut être un peintre de grand talent et un pauvre type handicapé au plan affectif, incapable d’aimer parce que pris dans les filets d’une sollicitude paternelle envahissante, c’est beaucoup, beaucoup trop.