L’écrivain et psychanalyste décrit la spirale infernale dans laquelle sont pris les hommes politiques.
Le « miroir des princes », comme le rappelle Michel Schneider au début de cet essai critique, est un genre littéraire venu de l’Antiquité, qui connut un particulier éclat au Moyen Âge. Pour conseiller le souverain dans le gouvernement de soi-même et du monde, les moralistes lui présentaient, comme en reflet dans le miroir, l’image du roi parfait. En espérant que le roi réel, flatté dans sa vanité, s’efforcerait de ressembler à son image idéale.
Aujourd’hui, poursuit Schneider, les miroirs tendus au prince ne sont plus des traités philosophiques mais des images médiatisées. Elles sont produites dans un rapport de force pervers par le triangle des politiques, des médiatiques (communicants + journalistes) et des « basiques » (les spectateurs/ électeurs/sondés). Chacun s’efforce dans une spirale infernale de se projeter dans l’autre. Ainsi finit-on par croire que people et peuple se confondent.
Le vertige de la toute-puissance
L’écrivain – également psychanalyste et longtemps haut fonctionnaire – sait aussi se faire polémiste. Quelques beaux cas récents ne pouvaient qu’exciter sa verve : le duo Hollande/Cahuzac, la litanie des « Moi, président… » lors du débat Hollande/Sarkozy, le feuilleton Strauss-Kahn, les paillettes du précédent quinquennat devenu Sarkoshow… Bienvenue au royaume de Narcisse amoureux de son reflet, ivre de son image, coupé du monde, avec pour seule musique celui de la nymphe Écho.