– par Janine Bailly –
Quand les vies basculent
En dépit de leur présence en divers festivals, il est de “petits” films dont les médias ne se font guère écho, et qui pourtant par leur sujet, le traitement qui en est fait, la beauté et la singularité de leurs images, l’investissement de leurs acteurs aussi, mériteraient plus grande audience.
Adapté du roman éponyme de Martin Arditi paru en 2016, sélectionné au Festival dans la section « Cannes Écrans Junior 2024 », L’enfant qui mesurait le monde, du réalisateur Takis Candilis, est de ceux-là. Et si vous lassent les ordinaires activités estivales, échangez la plage pour une salle obscure, immergez-vous dans la chaude et généreuse lumière qui irradie de l’écran. Lumière des lieux, le film prenant pour décor les rivages d’une île grecque, au large d’Athènes. Évitant les clichés de cartes postales, Takis Candilis filme une île sans touristes visibles, se positionne au plus près des habitants du bourg de Kalamaki, s’attache aux gestes de la vie quotidienne, bateaux que l’on calfate, poissons que l’on vend à la criée, stations attardées et discussions au soleil à la terrasse des cafés, cérémonies de Pâques, réunions à la mairie si nécessaire… Rivages magnifiés par la transparence d’une eau claire, rues étroites et ruelles, où quand passe Yannis chacun lui adresse un amical salut, auquel il ne répondra pas, car le héros du film n’est autre que ce jeune enfant autiste – il dira lui-même être Asperger (un syndrome qui se caractérise par des difficultés dans les interactions sociales).