—Entretien réalisé par M.-J. S.—
Que répondre aux arguments employés depuis des lustres qui consistent à dire des intermittents qu’ils sont des privilégiés, qu’ils coûtent chers ?
Mathieu Grégoire. Que ce n’est pas la réalité. Même s’ils bénéficient d’un régime plus adapté à l’intermittence
de l’emploi, les intermittents
ne sont pas des privilégiés.
Ils sont 3,5 % des allocataires
et représentent 3,4 % des dépenses. Bref, rien d’extravagant. Mais
l’idée est profondément ancrée.
Le Medef et une presse à scandale les stigmatisent pour leur prétendu « déficit » d’un milliard d’euros. Pourtant rien n’est plus normal, dans le cadre d’une assurance – a fortiori quand il s’agit d’une assurance sociale – que certains présentent des excédents qui compensent le solde négatif de ceux
qui éprouvent le risque assuré
et reçoivent plus d’allocations qu’ils ne cotisent.
Étiquette : MEDEF
Echos d'éco, Sciences Sociales
Alain Madelin : le Medef doit arrêter « de tendre sa sébile à l’État »
— Propos recueillis par Marc Vignaud —
L’ex-ministre de Juppé est sévère sur les revendications du Medef. Fin des 35 heures, baisses de charges… Deux mauvaises idées, selon ce grand libéral.
Être libéral ne revient pas à défendre le patronat. Pas pour Alain Madelin en tout cas. L’ancien ministre libéral, aujourd’hui à la tête d’un fonds d’investissement, estime que le Medef a tout faux. La TVA sociale qu’il réclame, ou sa version gouvernementale – le crédit d’impôt compétitivité-emploi ,- revient à faire « payer aux consommateurs une part de leurs salaires ». Quant aux 35 heures, elles sont négociables dans chaque entreprise depuis 2008 ! Les vraies solutions libérales seraient ailleurs.
Echos d'éco, Psy_choses etc.
Le Medef et l’apologie du risque
— Par Christophe Dejours* —
Dans la plupart des situations ordinaires, partager le risque est un leurre : l’entrepreneur prend des risques dans le registre de l’avoir, sur son capital ; le salarié prend des risques dans le registre de l’être, sur son intégrité physique et parfois mentale
L entretien qu Ernest*Antoine Seillière a accordé aux Cahiers de l assurance laisse perplexe. Il place la prise de risque du côté du bien. Il en fait l une des deux caractéristiques du libéralisme (à côté de la responsabilité) et la qualité, par excellence, de l entrepreneur moderne. Il divise la société en » riscophiles « , qui portent l esprit d entreprise, et » riscophobes « , qui, accrochés à leurs privilèges, refusent le progrès.
Mais emporté par son enthousiasme, le président du Medef commet quelques erreurs. Comment soutenir, par exemple, que » le premier rempart contre le risque, c est le travail » ? Est-ce une invitation à oublier les milliers de morts et de mutilés que produisent le bâtiment et les travaux publics chaque année, les malades qui se meurent de cancer par l amiante ou les solvants chlorés ?