— Par Selim Lander —
–A quoi tient la magie du théâtre ? Qu’est-ce qui peut bien nous faire croire qu’une reine d’Angleterre est présente devant nous en chair et en os, que les quelques mètres carrés du plateau peuvent devenir successivement un carrefour dans la ville, la salle du trône ou les souterrains de la Tour de Londres avec ses ignobles cachots ? Pour que cela soit possible, on voit bien qu’il faut à la fois un texte digne de susciter l’intérêt, des comédiens sûrs de leur technique et par ailleurs convenablement dirigés, des spectateurs complaisants enfin, c’est-à-dire prêts à accepter les conventions du théâtre. Les humains ont naturellement cette disposition ; il suffit d’observer des enfants aux marionnettes, de voir comment ils réagissent au quart de tour pour défendre le gentil Guignol ou pour accabler le vilain gendarme ! Il n’est donc pas nécessaire que le théâtre se rapproche de la réalité autant qu’il lui est possible, par exemple en habillant les comédiens en costumes d’époque et en les plaçant dans un décor au plus près du cadre supposé de l’action.