Étiquette : Marie-Laurence Delor

Lettre ouverte d’une martiniquaise à la presse hexagonale

— Par Marie-Laurence Delor —

Le rapport du martiniquais à la presse hexagonale relève tout à la fois d’un principe de réalité, tirage et audience, et, sans verser dans l’argument convenu de la « colonialité », de l’effet prestige. La presse écrite et audiovisuelle hexagonale, tout au moins celle dite de référence, à grand tirage ou à forte audience est pourvoyeuse, au niveau symbolique, d’un surplus de sens, de valeur – le « pouvoir symbolique » tel que défini par P. Bourdieu. C’est ce constat qui justifie notre interpellation : s’il est bien vrai que vous avez, comme toute presse, une responsabilité vis-à-vis de vos lecteurs, celle-ci ne doit-t-elle pas être plus vigilante lorsque certains subissent, comme c’est actuellement le cas depuis plus de deux mois en Martinique, une crise sécuritaire majeure ? Et ne sommes-nous pas en droit d’exiger une information plus respectueuse des faits ? Autrement dit, qui fasse la part des choses entre, d’une part, la petite minorité qui vandalise, brule, pille et rackette tout en se proclamant pacifiste en lutte contre la cherté de la vie, d’autre part, la majorité qui condamne, les nombreuses victimes et les conséquences, sociales, économiques et écologiques.

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Vie chère : une lecture critique des troubles en Martinique

— Par Marie Laurence Delor —

La grande majorité des martiniquais a pleinement conscience, parce qu’elle le vit au quotidien, de l’étiolement de son « pouvoir d’achat » (1) et de l’inflation alimentaire insupportable particulièrement pour les catégories les plus défavorisées. Elle est pourtant dubitative face à ce que certains médias et quelques politiques se sont évertués à qualifier « d’émeute ». Une « émeute est un « soulèvement populaire, généralement spontanée et non organisé » (2). J’insiste sur « populaire », « spontané » et « non organisé ». Ce à quoi on assiste depuis quelques jours n’a rien de « populaire », de « spontanée » et encore moins de « non organisé ».

Ce n’est pas parce qu’une petite minorité instrumentalise un problème réel (le RN a prospéré de cette façon) qu’elle peut prétendre représenter le peuple, prétendre parler et agir en son nom alors même qu’elle le violente, qu’elle l’agresse dans les faits. Rien à voir avec la grande mobilisation de masse de 2009. Combien même que le mouvement n’ait pas abouti aux bénéfices attendus il a permis aux martiniquais d’expérimenter et d’éprouver ce sentiment d’être ensemble, d’être solidaire dans le combat pour un intérêt commun.

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Petits meurtres entre amis !

— Par Marie-Laurence Delor —

Reprenons les termes du problème pour en prendre toute la mesure et ne pas en rester au jeu des postures des « nèg-maron pleurnichards » et au bavardage du « nationalisme mondain ».

Commençons par le commencement. Le Conseil de surveillance du Grand Port est composé de 17 membres dont 13 martiniquais et 4 représentants de l’Etat. Les 5 années de mandature précédentes étant échues ; le 26 juin dernier il y a eu, comme le prévoit les textes, un vote du Conseil pour élire un nouveau Président. Deux candidats briguaient la fonction : le président sortant, Président par ailleurs de la CCIM, et le Maire du chef-lieu – qualifié pompeusement de « ville capitale », soutenu par le Président de son parti et actuel Président de l’exécutif de la CTM. L’argument de campagne du maître de plateau Roy était « la cohérence », autrement dit, comme pour la CACEM et l’ex Conseil général, à l’époque, la mise du port sous sa tutelle par personne interposée. Le vieil adage qui nous préservait de l’autocratie, « ne pas donner trop de pouvoirs à un seul », a laissé place depuis à une « logique boulimique du pouvoir » : l’homme veut contrôler toutes les institutions locales majeures.

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Après l’imposture du drapeau et les Outre-mer aux avant-postes…

— Par Marie-Laurence Delor —

Après cette imposture du drapeau où l’on voit comment après avoir phagocyté la droite en mêlant sa voix à la sienne lors de la consultation de janvier 2010, vassalisé la gauche traditionnelle, l’homme de Plateau Roy s’approprie le symbole non de la Martinique mais de l’extrême gauche ; après donc cette mascarade politicienne, je m’apprêtais à écrire quelque chose mais il m’a semblé plus intéressant de rapporter les propos du ministre de l’intérieur et des Outre Mer lors du colloque «  Les Outre-mer aux avant-postes » organisé le 02 février par le journal Le Point :

:

« Il faut savoir dire aux Ultramarins que vous n’aurez d’autonomie demain que si vous êtes capables de produire ce que vous mangez, ce que vous consommez comme électricité. Et c’est par la richesse économique que vous aurez des recettes. Ce n’est pas par des subventions. ».

Je le dis tout net : il est bon qu’un « caucasien » disent ses quatre vérités particulièrement aux Martiniquais en faisant fi des jérémiades sur l’esclavage. Et ceci, combien même que l’arrière-pensée soit de mettre définitivement fin à l’État Providence et de conforter le néolibéralisme. 

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Présidentielles 2022 : premières observations

— Par Marie-Laurence Delor

La percée remarquable de Jean-Luc MELENCHON, leader de la France Insoumise, a été sans conteste « l’événement médiatique » de ce premier tour des présidentielles 2022. (1) Mais qu’on ne s’y trompe pas : le fait politique majeur reste la progression constante du nationalisme identitaire français depuis l’accession en 2011 de Marine Le PEN à la tête du FN ; ceci dans un contexte de désagrégation de la Gauche sociale démocrate et extrême ainsi que de la Droite républicaine. Une progression qui s’inscrit dans ce qui semble être l’émergence d’un nouvel ordre mondial aux contours encore mal définis mais dont l’attitude des russes et des chinois notamment en Afrique n’augure rien de bon. L’intention affirmée des apôtres de cette nouvelle ère, dont les motivations sont diverses et discordantes, serait le rejet des modèles occidentaux aujourd’hui dominants, et notamment du modèle démocratique ; mais peu d’analyses sérieuses et aucune alternative crédible ne vient démêler tous les tenants et aboutissants de cette « croisade ». Les récriminations, en définitive, sont du registre idéologique et des ressentiments. Ce rejet est, par ailleurs, corrélé à une exacerbation des égoïsmes nationaux et à un retour, singulièrement en Europe, des « irrédentismes » qui affaiblissent l’Union Européenne, c’est à dire de revendications territoriales sur des bases historiques, linguistiques ou ethniques.

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Brèves considération sur la notion de tradition

Par Marie- Laurence Delor

L’argument de la « tradition » a nourri en Martinique pendant près de deux ans une guéguerre d’arrière garde contre les gestes barrières, la vaccination anti covid, l’obligation vaccinale et le passe sanitaire. A l’agression du corps, de « l’Être martiniquais » diraient certains (1), le colonialisme ajoutait, selon les protestataires, une menace sur une des « tradition » fondatrices, affirmaient-ils, de notre identité : le carnaval.

Cet usage de la notion de « tradition » interpelle. D’autant, d’une part, que celle-ci est à la croisée d’enjeux de pouvoir, d’autorité et d’identité dans nos sociétés complexes et conflictuelles ; d’autre part, que cet usage soit socialement situé, la fraction des classes moyennes et de l’aristocratie populaire paupérisée et frustrée . Enfin, qu’on en a fait un « mot problème », pour reprendre l’expression de G. LENCLUD (2), un mot qui « signale un concept » sans pouvoir identifier précisément ce à quoi il réfère ni en élucider la signification.

Ce que nous avons perçu dans la profusion des discours tenus c’est une doxa rouge, vert, noir entretenant la fausse idée que la « tradition » renverrait à des usages, des dires et des faires objet d’une  « transmission » de génération en génération à fin de « conservation » garant d’une « authenticité ».

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Pour une analyse raisonnée et informée du conflit russo-ukrainien

— Par Marie-Laurence Delor —

En lieu et place du nombrilisme pleurnichard pour qui l’univers s’arrête au dit « monde noir » ( ?), éternel victime de toutes les atrocités et de la férocité des occidentaux depuis l’aube des temps. En lieu et place de ces bouffées de haine et de ressentiment contre ces « occidentaux », dont on continue pourtant allègrement à penser dans les concepts par lesquels ils se sont institués comme Etats modernes et qui font encore débats entre eux (citoyenneté, capitalisme, impérialisme, libéralisme, moyen âge…). En lieu et place, en définitive, de l’affect et de l’idéologie racialiste, ce qui s’impose pour informer nos compatriotes sur ce qui est entrain de se passer en UKRAINE c’est une analyse géopolitique qui donne le recul nécessaire pour mieux faire la part des responsabilités et comprendre.

Nous avons personnellement défendu en son temps, de concert avec un grand nombre d’intellectuels et de jeunes européens ainsi que de nord américains le principe de l ‘autodétermination et de la souveraineté des peuples pour nous même, pour l’Algérie, pour le Viet Nam et tous les autres pays colonisés, notamment en Afrique.

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Voilà où nous sommes rendus

Par Marie-Laurence Delor —

Constat 1

« Nous n’accepterons pas que de gens vivent leur vie alors que nous sommes en train de souffrir ». Cette phrase prononcée par une leader syndicale du monde agricole est la pus terrible que nous ayons entendue. Terrible parce qu’elle exprime une frustration et une haine incandescentes et aveugles portées par cette alliance tacite entre syndicat et voyous ; terrible parce qu’elle dit l’intention de ces gens : établir la terreur, faire payer à tous ce qu’on a subi. Une terreur dont personne ne sait jusqu’à quelle extrémité elle ira et jusqu’où elle sera acceptée par ceux qui en sont victimes. Une terreur dont se félicite un généralissime de pacotille en Guadeloupe et dont un petit chef martiniquais affirme l’utilité pour faire céder l’ennemi.

Constat 2

Un Président en campagne qui pour ne pas faire de vagues ne pose pas les limites, biaise et louvoie. Le problème est que l’interprétation qu’en fait le bric-à-brac protestataire guadeloupéen et martiniquais est que le pouvoir hésite, il a peur. On a vu ainsi s’installer une situation surréaliste où la Martinique comme la Guadeloupe sont quasi sous contrôle d’individus improbables qui en plein délire de toute puissance décident selon leur bon plaisir sur des barrages de ceux qui passeront ou pas tandis que d’autre brûle et pillent la nuit tombée.

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En ces temps obscurs…

Par Marie- Laurence Delor

Le fait le plus marquant de la période, pour l’observateur avisé, c’est l’irruption dans le débat public, grâce aux médias sous pression des réseaux sociaux, de problématiques régressives jusque là marginales, portées par une nébuleuse rouge-vert-noir (1). La notion de « régression », telle que nous en usons ici, n’est pas réductible à son sens courant d’opposition au « progrès ». Si elle recouvre l’idée d’un retour en arrière, d’une certaine façon proche de la psychologie expérimentale et de la psychanalyse (2), elle réfère surtout ici à des tendances inquiétantes et à leur banalisation à la faveur du silence des politiques et de la capitulation des intellectuels. Nous en avons repéré deux, à notre avis, principales :

1. La dictature de la croyance

La dictature de la croyance telle qu’elle se présente aujourd’hui est à la jonction du narcissisme libéral (3), de la crise de la politique et de l’explosion des réseaux sociaux. Des réseaux sociaux qui fonctionnent toujours plus selon le faux postulat d’égalité en dignité et en vérité de toute parole : une corruption de la liberté d’expression et de la démocratie.

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L’ enfer ce n’est pas forcément les autres

— Par Marie-Laurence Delor —

Tout autant que la détestation de E. MACRON, qu’ils partagent avec les « Patriotes » de PHILIPPOT, ce qui me paraît faire tenir l’agrégat des anti-vaccins, anti-passes, anti-masques, anti confinements et anti couvre-feux des Antilles françaises c’est le déni de réalité et conséquemment le refus obstiné de la règle élémentaire de l’objectivité : la critique de la gestion de crise est un exercice normal en démocratie, elle ne doit pas pour autant masquer notre part de responsabilité. A moins de penser que la santé des populations et des personnes ne dépend que de l’Etat et pas en partie d’elles-mêmes. A moins aussi d’ignorer l’incidence du comportement des citoyens et usagers sur le fonctionnement et l’efficacité du système de santé et de soin, et ce particulièrement en cas d’épidémie.

Récapitulons : vous vous en remettez, de fait, entièrement à l’autre tout en lui reprochant jour après jour de ne pas en faire assez ou de mal faire, en prétendant, par ailleurs, que vous auriez fait mieux. Nous percevons dans cette sur-dramatisation calculée du rapport déjà problématique à l’autre,non plus la figure du « colonisé partenaire » décrit par Auguste ARMET dans les années 1980 mais celle d’un « colonisé duplice ».

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« Nous en paierons le prix! »

Par Marie-Laurence Delor

Nous avons encore en mémoire l’impressionnant défilé de motards sur l’avenue de Sainte Thérèse, boss en tête drapeau rouge- vert-noir déployé : figuration équivoque d’un bataillon de « patriotes », symbolique d’un « Mada » vision rue ; en définitive,un hymne consacrant un modèle : « nous avons une plus grande légitimité que ceux qui nous arrêtent et ceux qui nous jugent ».C’était il y a deux ans, Monsieur le Maire de Fort-de-France, avec votre bénédiction…

Le message est arrivé à qui de droit et la jonction semble désormais acquise comme l’indiquent les récents évènements. Acquises aussi, manifestement, les exigences de ceux de la rue : pillages, voies de fait et plus si affinités… Pourvu que l’intention de nos rouges-verts-noirs, les « historiques », grands stratèges devant l’éternel, soit respectée : le chaos en vue de réaliser leur fantasme« mal-papay » d’insurrection populaire ; ceci, dans l’indifférence totale de la tragédie sanitaire que vivent nos compatriotes : hôpital saturé, pompiers dépassés, morgue engorgée… Les anti-vaccins et anti pass sanitaires du samedi matin servent à vrai dire de petit bois d’allumage et d’enfumage pour le brasier du soir.

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Le Covid-19 : un révélateur des limites de la démocratie corporative

Par Marie-Laurence Delor —

Dans un texte précédent faisant suite à l’aggravation de la pandémie du Covid19 en Martinique lors de la troisième vague () nous avons développé – sans doute trop succinctement -sur un enchâssement de paradoxes témoignant, comme nous l’écrivions, d’une « faible inclination à l’effort pour le bien commun » : des prétendus « patriotes »essaimant le virus, s’en prenant ainsi à leur propre peuple ; un préfet vilipendé alors même qu’il s’employait à la protection de la population ;des politiciens demandeurs de responsabilité locale murés, à deux ou trois exception près, dans un silence assourdissant tandis que la prolifération du virus s’intensifiait et que la prise en charge hospitalière était à saturation.

En ce commencement d’une quatrième vague qui s’annonce encore plus dangereuse, on pourrait penser que l’histoire se répète si l’on s’en tient uniquement aux réactions de quelques-uns et à la légèreté de nos politiciens face à la menace. Mais la configuration et la problématique ne sont plus tout à fait les mêmes. Ce qu’on observe aujourd’hui c’est, d’une part, une tentative en sous-main de coagulation improbable de mécontentements corporatistes ; d’autre part, une reprise de la dynamique de vaccination.

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Historien ou propagandiste?

— Par Marie Laurence Delor —

Toute commémoration est de l’ordre du « mémoriel » et de la « célébration ». C’est un rituel politique qui vise à perpétuer une identité collective par un récit magnifié de la nation. On sait que celle-ci, la nation, n’est que norme – et non une essence, un mode de structuration historiquement déterminé des sociétés divisées. On a ainsi affaire à un édifice quand au fond précaire qui demande en permanence à être consolidé, réajusté sur le plan symbolique et idéologique. C’est cette problématique qui donne sens à l’exigence de commémoration. L’intention est de gagner l’adhésion par le sentiment et les émotions et non de dire le vrai. C’est pour cela qu’il faut toujours interroger les contenus. La question est alors de savoir jusqu’où le discours mémoriel et le récit de la nation qu’on nous administre biaisent la lecture du passé. Ainsi posés « nation » et « mémoire » deviennent des objet d’étude pour l’historien et non des motifs de « célébration » ou de « déploration ». C’est ce recul critique que j’ai beaucoup aimé dans l’article de « À propos du bicentenaire de la mort de Napoléon Bonaparte » signé par Marie-Hélène LEOTIN, agrégée d’histoire (Madinin’art, 20 avril 2021).

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Prendre du recul et faire le bilan

Par Marie-Laurence Delor —

Pour mémoire – puisque c’est la « mémoire » qui le plus souvent manque à ceux qui disent en faire un devoir – je livre à nouveau à la lecture ou à la relecture des uns et des autres mon « Mot du jour » du vendredi 29 janvier  2021. Il s’intitulait « Les insurgés fêtards ou des paradoxes rouges, vert, noir » :

« Que disent sur nous même ces vidées qui jouent à la dissidence? Car, c’est bien cela l’essentiel: notre capacité à prendre du recul sur ce que nous croyons être, sur notre culture et nos traditions. Ces « vréyé-monté et ces raché-pwèl hautement militant » confirment, d’une part, le délitement rouge, vert, noir: la même bannière qu’on brandit pour exiger réparation pour le désastre écologique, sanitaire et social de la chlordécone flotte au dessus des « insurgés fêtards » qui essaiment allègrement le covid 19 et ses variants. Ces vidées soi-disant dissidents témoignent, d’autre part, de notre égoïsme festif et de notre  faible inclination à l’effort pour le bien commun. Cet hédonisme englué dans l’instant traduit quant au fond une vision désespérée de l’avenir, de notre capacité à faire peuple….

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Les Insurgés fêtards ou des paradoxes Rouge, Vert, Noir…

— Par Marie-Laurence Delor —

Que disent sur nous même ces vidés qui jouent à la dissidence? Car, c’est bien cela l’essentiel: notre capacité à prendre du recul sur ce que nous croyons être, sur notre culture et nos traditions. Ces .« vréyé-monté et ces raché-pwèl hautement militant ». confirment, d’une part, le délitement rouge, vert, noir: la même bannière qu’on brandit pour exiger réparation pour le désastre écologique, sanitaire et social de la chlordécone flotte au dessus des .« insurgés fêtards ». qui essaiment allègrement la Covid 19 et ses variants. Ces vidés soi-disant dissidents témoignent, d’autre part, de notre égoïsme festif et de notre  faible inclination à l’effort pour le bien commun. Cet hédonisme englué dans l’instant traduit quant au fond une vision désespérée de l’avenir, de notre capacité à faire peuple…. Pas étonnant que l’argument ou plutôt l’alibi de la transmission ou de la tradition soit d’une telle indigence : toutes les écoles Maternelles, Primaires de Martinique depuis plus de 30 ans mettent en place des ateliers carnaval pour l’évènement. Les collégiens et les lycéens, de même un grand nombre de salariés se travestissent depuis « .nanni-nannan »

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Les Éveillés, Rouge, Vert, Noir

— Par Marie-Laurence Delor —

Rien ne peut plus nous étonner !. Et voilà nos insurgés du dimanche se réclamant de A. Cesaire, de F. Fanon et de Koko René-Corail, qui se coulent dans le modèle anglo-saxon en vogue, le très controversé « woke attitude», traduire « rester éveillé » (de veille informatique). Le terme d’origine argotique afro-américain,  popularisé il y a une dizaine d’années par la chanteuse Erykah Badu a été repris sur les campus des grandes universités états-uniennes. Son usage s’est étendu, parallèlement, dans les milieux mondains et marketing (woke-washing)”.

L’Urban Dictionnary qui fait autorité pour les parlers argotiques le définit comme suit: « The act of being very pretentious about how much you care about a social issue » (comportement très prétentieux sur le fait que vous vous préoccupez d’un problème social). 

Pour ses adeptes, le « woke » serait une attitude d’éveil face à toutes inégalités (de classe, de genre, de race…) et aux questions environnementales. Bon nombre d’observateurs soulignent toutefois une recherche effrénée de la visibilité. Elle est consubstantielle à la « woke attitude » et se traduit par l’hystérisation scénarisée de l’indignation;  relayée en cela par les réseaux sociaux.

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Activisme N.R.V. (Noir, Rouge, Vert) : parler vrai!

 — Par Marie-Laurence Delor —

Au delà des stratégies de victimisation, du sensationnel (maire enchaîné consentant, statues mises à sac et incendiées) et des nouveaux héros au crachat facile ou tombés au champ d’honneur, il y a l’essentiel, le fait problème qu’il faudra bien à un moment ou à un autre considérer: l’impuissance de la classe politique martiniquaise à penser et à forger une volonté collective autour d’un projet de réduction des dépendances, même dans le cadre du présent statut. C’est cela l’enjeu et pas autre chose. Il faudrait, à notre avis et jusqu’à preuve du contraire, analyser cette impuissance comme une résultante d’une culture tribale dominante où les intérêt de clans, de castes et de groupe l’emportent sur l’intérêt du plus grand nombre tout en se prévalant de celui-ci par des artifices idéologiques, autrement dit des représentations travesties de la réalité. La fonction des intellectuels dans un tel contexte est de déconstruire et de clarifier les enjeux pas de « hurler avec les loups ».

L’observateur attentif qui ne se laisse pas « divertir », au sens du philosophe Pascal, par l’agitation ambiante devrait être interpellé par une singularité: la présence en arrière plan de parents et leur implication de plus en plus marquée en première ligne en lien avec  l’accélération des évènements.

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Pour une clarification du débat

— Par Marie-Laurence Delor —

La très grande majorité des réactions et commentaires pêchent d’abord sur la qualification de l’acte: ce n’est pas un déboulonnage mais une mise à sac. Ils se trompent, ensuite, sur ce qui devrait être le principal objet du débat: la réception, c’est à dire les commentaires et réactions qui transforment l’acte en évènement, qui l’instituent comme tel. Ils se méprennent, enfin,  en présumant une l’ignorance justifiant l’acte: les activistes rouge, vert, noir ne sont pas sur un registre historique mais mémoriel. Ceci dans une logique de « tyrannie de la mémoire » qui aujourd’hui menace la liberté intellectuelle des historiens en cherchant à imposer des cadres d’interprétation du passé, « un nouveau régime d’historicité », conformes à leur idéologie; une logique qui corrélativement tend à escamoter l’évidence de la relativité et de la multiplicité des mémoires (1). 

Les révoltes des esclaves ont été largement documentées au cours de ces 40 dernières années. Sans doute n’a t-on pas insisté suffisamment sur les différences entre Grandes et Petites Antilles et avec le continent (notamment Brésil, Colombie et Guyane). Le « nègre marron » n’est pas partout une « figure héroïque ».

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Nous sommes en responsabilité ou en irresponsabilité de notre devenir 

 —-Par Marie-Laurence Delor —
 Nous sommes en risque sanitaire systémique. Il serait temps que les politiques et les collectivités martiniquaises le comprennent. Il serait temps que la société civile (associations, syndicats et autres groupes d’influence) s’en préoccupent. Il serait temps que les médias et les intellectuels s’y intéressent. Le risque sanitaire systémique peut s’entendre, dans le cas martiniquais, comme un effet cumulé de pollutions délétères (chlordécone, sargasse, brume de sable…) dans un contexte de faillite des structures de traitement des déchets de toutes sortes et de crise des politiques publiques de santé. La question de la chlordécone s’inscrit dans cette configuration globale d’urgence sanitaire.  
 
Une urgence pour laquelle il faut d’abord compter sur l’intelligence collective des martiniquais et pour laquelle le message à délivrer à l’État doit être simple et clair: nous exigeons d’être les principaux acteurs et d’être financièrement accompagnés pour la recherche et la mise en place des solutions que nous estimons possibles à court, moyen et long terme. C’est dire que nous sommes, société civile et société politique, en responsabilité ou en irresponsabilité de notre devenir.

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