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Au Théâtre du Peuple de Bussang : de Edmond Rostand à Yann Andréa (2)

« Je voudrais parler de Duras », à découvrir jusqu’au 2 septembre, les jeudi vendredi et samedi, à vingt heures.

— Par Janine Bailly —

Qui a pour habitude de fréquenter la saison estivale du Théâtre du Peuple de Bussang aurait pu s’étonner à la découverte de la proposition vespérale : « Je voudrais parler de Duras », une pièce courte, dont la durée limitée à une heure lui vaudrait bien de participer à ce que l’on nomme, sur l’île de la Martinique, Festival des petites formes. On aurait pu craindre que cette heure-là ne fasse pas le poids, face aux presque trois heures exubérantes de ce Cyrano de Bergerac donné en matinée, ne fasse pas le poids et ne suffise pas à nous “parler” de ce monument de la littérature qu’est devenue, au fil du temps, Marguerite Duras, ordinairement désignée par son seul patronyme – qui d’ailleurs n’est que d’emprunt ! Or il n’en est rien, tant cette heure, qui me parut trop brève, s’avéra être comme une bulle magique hors de la réalité, un moment de haute densité, un moment plein, mais aussi plain au sens ancien de plain chant puisqu’une voix, celle de Yann parlant de Duras, sera porteuse presque exclusivement du spectacle.

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Au Théâtre du Peuple de Bussang : de Edmond Rostand à Yann Andréa (1)

« Cyrano de Bergerac » : ou comment donner un nouveau visage à un personnage de théâtre devenu mythique

— Par Janine Bailly —

Si, par bonheur, en cette presque fin de saison, vos pas aventureux vous menaient au cœur du Massif vosgien, n’hésitez pas… à l’heure où les grands festivals d’été prennent fin, n’hésitez pas à faire, avant ce 2 septembre, un petit détour par le Théâtre du Peuple de Bussang. Niché sous les hauts sapins, altiers ou débonnaires c’est selon, l’insubmersible vaisseau de bois abrite cette année deux textes fort différents mais, chacun à sa façon, essentiels. Et qui, contre toute attente vous transportant d’Edmond Rostand à Yann Andréa et Marguerite Duras, ne vous sembleront à la réflexion pas si éloignés l’un de l’autre, puisque parlant tous deux d’amour fou, de déraisonnable passion, d’irrépressible besoin d’aimer. Histoire éternelle des hommes et des femmes, en somme !

La “grande pièce” se donne, en respect de la tradition, chaque après-midi du jeudi au dimanche, à quinze heures – il fallait que, déversés par le chemin de fer, les spectateurs parisiens puissent être présents dès le début de la représentation.

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« Suzanna Andler » un film de Benoît Jacquot d’après la pièce de Marguerite Duras (1968)

À Madiana vendredi 11/06 à 14h & dimanche 13/06 à 19h30

Avec Charlotte Gainsbourg, Niels Schneider, Nathan Willcocks

Synopsis:
Années 60.
Une villa de vacances, au bord de la mer, hors saison.
Une femme, Suzanna Andler, 40 ans, mariée, mère.
Son jeune amant, le premier, Michel.
La solitude, les doutes, l’envie de liberté, les choix de la vie.
Et l’amour.

La presse en parle :
Libération par Elisabeth Franck-Dumas
Du théâtre filmé au meilleur sens du terme, qui saisit tout ce que la scène n’aurait pu donner, le relief des visages en gros plan, le choix, toujours miraculeusement juste ici, de mettre en lumière celui-ci plutôt que celui-là, qui n’empêchera jamais la caméra de tournoyer autour des corps, dans de longs plans virtuoses qui semblent porter le texte et ses silences sur un flux continu, créant pour ainsi dire l’espace entre eux.

Positif par Pierre Eisenreich
[…] portrait de femme dont la richesse intérieure est filmée en simultané à travers son conflit avec le monde extérieur, ouverture mentale sur un arrière-monde abstrait et mélancolique au son d’une flûte japonaise shakuhachi, réification sociale de la femme par les hommes interdisant ou autorisant sa liberté érotique, beauté extrême dans la perdition, autant d’ingrédients [du cinéma de Kenji Mizoguchi] que Benoit Jacquot réactualise magnifiquement.

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Marguerite Duras, finalement féministe

Marguerite Duras ne se sentait « pas féministe du tout », et pourtant, 25 ans après sa mort, l’écrivaine française passe finalement comme telle, à force d’avoir pourfendu dans son oeuvre le machisme de son siècle.

« Une féministe c’est à fuir. Ce n’est pas le bon moyen si l’on veut changer les choses (…) Je ne suis pas féministe du tout« , clamait-elle lors d’une émission sur la radio publique France Inter en 1987. 

Se sent-elle décalée face à un féminisme plus radical apparu au début des années 1970, aux slogans choc, dans lequel elle ne se reconnaît pas? Refuse-t-elle cette étiquette, comme toutes les autres qu’on a voulu lui coller? Le terme, en tout cas, lui déplaît, même si elle a signé en 1971 le « manifeste des 343 salopes » pour le droit à l’avortement. 

« Il me semble que non, l’engagement féministe n’a pas été déterminant pour elle« , estime Aurore Turbiau, doctorante en lettres qui fait ses recherches sur les écrivains féministes. En revanche, « il a éclairé sous un nouveau jour une partie de son oeuvre« . 

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« La Douleur » : pari tenté, pari risqué mais pari réussi

— Par Selim Lander —

Marguerite Duras. Certains l’appellent tout simplement Marguerite, d’autres La Duras, signe d’une célébrité hors norme. Les plus jeunes ne connaissent d’elle que les dernières années, lorsque, bien que sous l’emprise de l’alcool et n’étant plus tout à fait elle-même, elle était devenue un « personnage » plus qu’une personne. Ses livres resteront davantage que son théâtre et ses films, et pas seulement L’Amant qui l’a fait connaître au grand public. Qui n’a pas encore été ravi par la prose de Duras devrait se précipiter sans plus tarder sur Le Ravissement de Lol V. Stein.

Comme L’Amant, L’Amant de la Chine du Nord, La Douleur est directement autobiographique puisqu’il raconte une perte, celle du mari, Robert Antelme, déporté pour fait de résistance. Situation paradoxale, très durassienne, puisque elle avait déjà pris la décision de se séparer de lui avant son arrestation. Le film d’Emmanuel Finkiel (qui fut l’assistant de Godard et de Kieslowski) raconte comment Marguerite Antelme, à Paris en 1944, s’est battue pour avoir des nouvelles de son mari, comment elle essayé – en vain – de lui éviter la déportation, puis, la guerre finie, la longue attente dans l’espoir d’un retour de plus en plus improbable au fur et à mesure des mois, jusqu’à ce qu’on le lui ramène pratiquement à l’agonie.

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Marguerite Duras, un siècle entier en littérature

— Par Alain Nicolas —

marguerite_durasIl y a cent ans naissait la romancière de Barrage contre le Pacifique, la cinéaste d’India Song, la dramaturge de 
Des journées entières dans les arbres. Elle a marqué son siècle littéraire et artistique, et fut une résistante, une militante anticoloniale et une féministe.

Il y a cent ans, le 4 avril 1914, naissait à Gia Dinh, en Indochine française, aujourd’hui au Vietnam, Marguerite, ­Germaine, Marie, fille d’Henri Donnadieu et de son épouse Marie Legrand. C’est ce que dit, avec toute la sécheresse voulue, l’acte de naissance de celle qui sera célèbre sous le nom de Marguerite Duras. Rien, ni dans sa vie ni dans son œuvre, ne montre qu’elle attachait la moindre importance aux anniversaires et aux commémorations.

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