Un pur barbare
— Par Marcel Zang, écrivain, président de Passerelle noire et responsable de la Marche des esclaves. —
«Mes victimes ? Ne faites pas de mélodrame, Rollo. Regardez un peu en bas. » Harry Lime lui désignait du doigt, par la vitre, les gens qui passaient comme des mouches noires au pied de la Roue. « Ressentiriez-vous une pitié réelle si l’une de ces petites taches cessait de bouger… pour toujours ? » (le Troisième Homme, Graham Greene). En d’autres termes, selon que vous serez tout contre ou à distance, les jugements de conscience vous rendront noir ou blanc, barbare ou civilisé, coupable ou innocent. Et effectivement, quand on y pense, la culpabilité ne serait qu’une question de distance… Merveilleuse distance, quelle trouvaille ! L’un serait à Bujumbura et l’autre à Tamanrasset, et pouf ! Un bouton, ni vu ni connu, je dors en paix. Ou même, l’un se trouverait dans un lit et l’autre se retournerait dessus croyant voir un cafard, et hop ! Envolé, aplati, le cafard, je dors en paix. Un robot silencieux, un tableau de bord, un écran vidéo dans les cieux, et pfiuu !