— Par Alain Nicolas —
En distinguant « Pas pleurer », le prix Goncourt a déjoué les pronostics et salué une œuvre généreuse et sans concession. Un geste qui fait suite à des choix ambitieux des premiers jurys d’automne. Un reflet de la créativité du roman français.
On l’espérait, on ne l’attendait pas. La raison raisonnable inclinait à faire peu de cas des chances de Lydie Salvayre pour ce Goncourt 2014. Parce que son éditeur venait d’avoir le Médicis avec Antoine Volodine. Parce que les choix antérieurs du jury pouvaient faire craindre qu’il ne cherche un roman très vendeur. Les pronostiqueurs en ont été pour leurs frais, et le prix phare de la rentrée est allé au meilleur livre de sa sélection, Pas pleurer, de Lydie Salvayre.
Une œuvre considérable
et une écriture chargée de révolte
Un choix logique, qui aurait pu, qui aurait dû, venir plus tôt. Lydie Salvayre, au fil des années, a construit une œuvre considérable, qui lui vaut le soutien de la critique, de nombreux libraires et d’un nombre croissant de lecteurs. C’est en 1990 que la Déclaration attire l’attention sur son ironie mordante, sa façon de retourner contre les dominants leurs propres mots.