— Par Guillaume Loison —
Malgré le charisme de Scarlett Johansson, le nouveau film du nabab d’Europacorp est un objet informe et trépané.
Vers la fin des années 90, quand Luc Besson était davantage un réalisateur qu’un ponte de l’audiovisuel, il répétait à l’envi qu’il prendrait sa retraite de réalisateur au bout de dix films. Promesse non tenue (il en est à 16) mais qui révélait néanmoins l’idée que pour lui, la maturité créative était un oxymore, à tout le moins que les fruits de l’expérience et de la culture ne pèsent rien face à la vigueur de la jeunesse. Dans la logique Bessonienne, la créativité peut se voir comme un capital qui se réduit comme peau de chagrin, qui se frelate même, à mesure qu’on la sollicite⋅ A l’aune d’une œuvre hantée par un idéal de pureté et d’innocence, il y a tout lieu de lui donner raison : aussi naïfs et neuneux qu’étaient ses premiers films, ils avaient pour eux d’être portés par une indéniable envie de cinéma, fraicheur dont on ne trouve plus la trace depuis l’impayable « Angel-A », nanar archi perso – les plus récents comme « The Lady » ou « Malavita » ressemblent à des produits paresseux, des commandes sans âme ni jus.