Étiquette : Lucie Nicolas

« Noire », le rôle primordial des femmes dans les luttes anti-ségrégationnistes

— Par Roland Sabra —

Il faut avant tout saluer le travail d’adaptation du texte de Tania de Montaigne qui, non destiné à priori à la mise en scène comporte peu de dialogues. Si Noire, la vie méconnue de Claudette Colvin, dans sa version originale a été couronné par le Prix Simone Veil en 2015 le texte de sa transposition théâtrale par Lucie Nicolas est lui lauréat de l’Aide à la Création d’ARTCENA, en catégorie dramaturgies plurielles. Et cela commence très fort. La comédienne lors de son entrée en scène salue le public, habituellement européen mais martiniquais ce soir là, et prend langue immédiatement avec lui en lui demandant de partager une traversée, celle d’une altérité stigmatisée. « Prenez une profonde inspiration, soufflez et suivez ma voix, rien que ma voix, désormais, vous êtes noir, un noir de l’Alabama dans les années 50. Désormais, vous êtes noir. Être noir, c’est être une zone d’infiltration, c’est comprendre minute après minute, heure après heure, que pour l’autre, vous n’êtes pas forcément un être humain mais vous n’êtes pas un animal non plus. Non, vous êtes autre chose, une chose indéfinissable et embarrassante, une question ouverte, un problème.

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« Noire », d’après Tania de Montaigne, m.e.s. de Lucie Nicolas

Les 12, 13 & 14 septembre 2019 à 19h 30 au T.A.C.

Noire
D’après « Noire, la vie méconnue de Claudette Colvin », de Tania de Montaigne Éditions Grasset
Prix Simone Veil 2015
Adaptation de Lucie Nicolas, Charlotte Melly
Mise en scène Lucie Nicolas

Claudette Colvin est une lycéenne, noire, à Montgomery, Alabama, en 1955. Seulement, le 2 mars, dans le bus de 14h30, Claudette refuse de céder son siège à un passager blanc. Malgré les menaces, elle reste assise. Avec l’audace de ses 15 ans, Claudette fait front, en appelle à ses droits et décide d’attaquer la Ville en Justice. Mais lorsqu’on est noire, jeune, pauvre et que par malheur on tombe enceinte, on a peu de crédit, même au sein de son propre camp. Tania de Montaigne, par une adresse directe, nous invite à faire l’expérience de l’altérité, à entrer littéralement dans la peau de Claudette.

Sur scène, une comédienne et une dessinatrice. La première s’adresse au public, « Prenez une profonde inspiration et suivez-moi. Maintenant, vous êtes noir. » Elle incarne les différentes voix du roman. Installée à une table, à vue, la seconde compose à partir de photos découpées et de dessin, des images projetées en direct sur un écran au plateau.

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