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Mémoire de l’esclavage et antiracisme : un débat, un combat et ses enjeux

Deux textes mis en ligne ces deux derniers jours sur Mediapart, et qui sont en train de provoquer le débat, en matière de mémoire de l’esclavage. Ils font suite à la mise en ligne sur le site du CNMHE, d’un texte  auquel a répliqué une tribune de Myriam Cottias, directrice du CIRESC au CNRS et ancienne présidente du CNMHE. On trouvera donc ci-après un lien vers le texte initial, la réponse de Myriam Cottias, un texte de Loïc Céry de l’Institut du Tout Monde qui précise les enjeux du débat et la plainte déposée par Frédéric Régent.


L’anti-esclavagisme peut-il exclure l’antiracisme?

—Par Myriam Cottias—

Exclure les combats anti-esclavagistes, des combats antiracistes n’est-ce pas une nouvelle tentative pour construire une identité particulariste qui oublie la violence de la relation esclavagiste et de la «race» et pour nier l’universalité des combats pour l’égalité du genre humain?

Les nombreux actes, écrits et injures antisémites et racistes montrent bien, une fois encore, que la période est au brouillage politique et à la révision de la connaissance historique par des discours guidés par une idéologie récurrente sur la minoration des facteurs qui ont soutenu l’histoire des génocides et des processus génocidaires de l’Histoire.

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Édouard Glissant, au-delà des fantasmes

À propos de : François Noudelmann, Édouard Glissant. L’identité généreuse, Flammarion (« Grandes biographies »), 2018

— Par Loïc Céry —

C’était en avril 2005, et c’était dans l’avion qui m’emmenait vers Tunis, pour le colloque international que Samia Kassab-Charfi, Sonia Zlitni-Fitouri et moi organisions alors à Carthage autour d’Édouard Glissant. À quelques travées de mon siège, je reconnais François Noudelmann, qui ne me connaît que de nom. Quelques mois auparavant, en préparant avec Samia Kassab-Charfi, chez Édouard Glissant rue Saint-Guillaume, la liste des universitaires à solliciter pour cet événement majeur, nous nous répartissions la tâche de contacter les uns et les autres, glissantiens incontournables et déjà « historiques », ou d’une ferveur plus récente. Quelques jours plus tard, je le sollicitais en effet, par mail : « Monsieur, nous espérons vous compter parmi nous autour de cet événement académique consacré à l’œuvre d’Édouard Glissant, etc. » Me levant de mon siège, je profite de l’occasion pour saluer celui dont j’écoute assez soigneusement depuis quelques années les émissions de philosophie sur France Culture. Étonné d’être reconnu, il semble flatté.

Jeudi 24 février 2018 – Aujourd’hui, treize ans plus tard, je redépose devant moi le livre qui m’est arrivé hier matin : François Noudelmann, Édouard Glissant.

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Notre mobilisation et les raisons de notre combat pour les mémoires de l’esclavage

— par Loïc Céry, pour l’Institut du Tout-Monde —

Le 13 janvier 2017, M. Serge Romana (président de l’association CM98) a entamé une grève de la faim devant le Sénat, à la suite du retrait de l’article 20A du projet de loi sur l’Égalité réelle outre mer décidé par la commission des lois. Nous soutenons ce retrait. Les raisons de notre mobilisation, de notre vigilance, de notre combat qui est loin de s’achever.

  Le 9 octobre, l’Institut du Tout-Monde lançait une pétition, « Stop au bricolage législatif sur la mémoire des l’esclavage », qui a recueilli plus de 460 signatures à ce jour. Citoyens, intellectuels, universitaires de renom, écrivains et artistes se sont mobilisés contre ce tournant imposé à tous, et fatal à tous. En novembre dernier, nous vous faisions part d’un rapport d’étape concernant cette pétition : 

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Chamoiseau, l’œuvre au monde

Compte rendu critique de : Patrick Chamoiseau, La matière de l’absence (Seuil, 2016)

chamoiseau_micro—Par Loïc Céry (ÉdouardGlissant.fr) —

La légende dit que Jean Paulhan, le « pape de l’édition française » des années vingt aux années soixante, avait coutume en recevant ses invités à son hôtel particulier non loin des Arènes de Lutèce, d’expliquer à qui voulait l’entendre, la signification des deux imposantes piles de livres qui trônaient à l’entrée de l’intimidante demeure, comme des Himalayas inaccessibles à l’entendement. Les ouvrages provenant des envois de presse, tous neufs et souvent dédicacés par leurs auteurs, étaient rangés en rangs serrés, dans un équilibre instable et pourtant viable, mais dont la précarité elle-même intriguait les visiteurs, compte tenu de la hauteur impressionnante des deux colonnes. Les livres attendaient l’attention si salvatrice du démiurge, qui pouvait d’un coup vous propulser au firmament des gloires littéraires de Paris ou de sa seule indifférence vous laisser dans la moiteur de la confidentialité. Dans cet hôtel particulier qui a vu passer tout ce que la littérature française comptait de talents confirmés et d’espoirs en germe, les ouvrages reçus, innombrables et envahissants, n’échappaient jamais à cette sélection première, ce tri soigneusement pensé par le maître.

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Une atteinte à la mémoire de l’esclavage !

— Par Sylvie Glissant, Loïc Céry, Louis Sala-Molins —

institut_tout-monde_logoParis, le 11 octobre 2016

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Avis de l’Institut du Tout-Monde sur la célébration des mémoires de l’esclavage

Le 5 octobre 2016, c’est à l’unanimité d’une poignée de députés que l’Assemblée nationale a adopté, dans le cadre de la première lecture du projet de loi sur l’Égalité réelle outre mer, un amendement modifiant la loi du 30 juin 1983 relative à la commémoration de l’abolition de l’esclavage. Pour être définitivement ratifié, cet amendement devra faire l’objet de l’adoption définitive de la loi, actuellement en voie de navette parlementaire.

Le 7 octobre, l’Institut du Tout-Monde a rendu publique sur Mediapart une tribune s’opposant à cet amendement, et lancé une pétition visant à en obtenir le retrait (voir liens indiqués en annexes). Nous avons été rejoints depuis par plusieurs associations dont le Collectif du 10 mai et MIR France, demandant aux parlementaires français de réexaminer cette modification de la loi que nous estimons dangereuse à plus d’un titre.

Cet amendement procède à la rupture d’un équilibre qui avait été trouvé au sein de la législation française à propos des mémoires de l’esclavage, en vertu des dispositions inhérentes à la loi dite Taubira du 21 mai 2001 portant reconnaissance de l’esclavage comme crime contre l’humanité et du décret pris le 30 mars 2006 par Président de la République, faisant du 10 mai la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions.

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Halte au bricolage législatif autour de la mémoire de l’esclavage

— Par Sylvie Glissant, Loïc Céry et Louis Sala-Molins —

memoire_esclavagePour tous ceux qui ont à cœur d’accorder à l’histoire tragique de la traite transatlantique la place qui lui revient dans l’histoire de France, pour tous ceux qui œuvrent depuis des années à la perpétuation de la mémoire qui s’y rattache, l’annonce par le Président de la République dans son discours du 10 mai 2016, lors de la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions, de l’élaboration d’une fondation nationale dédiée à ce passé, avait représenté un tournant crucial à plus d’un titre. Le Président de la République réaffirmait ainsi l’engagement de l’État dans le projet de cette institution nationale qui avait été formulé voilà déjà dix ans de cela. Il y a maintenant une décennie, le Président Jacques Chirac avait demandé à l’écrivain Édouard Glissant un rapport officiel (publié sous le nom de Mémoires des esclavages, Gallimard / Documentation française, 2007) qui en donnerait l’inspiration et en dessinerait les contours. Nous étions alors en mars 2006, et le Comité pour la mémoire de l’esclavage (devenu Comité national pour la Mémoire et l’Histoire de l’Esclavage) voyait le jour sous la présidence de Maryse Condé.

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« Mais de mon frère le poète on a eu des nouvelles » : les connivences poétiques d’Aimé Césaire et d’Édouard Glissant

—Par Loïc Céry —

cesaire_glissantMadame Kora Véron a publié mercredi 30 septembre dans l’édition électronique de France-Antilles (et dans Madinin’Art, en version intégrale ) une tribune intitulée « Aimé Césaire et le trésor national ».
En guise de commentaire à cette prise de position, je voudrais attirer l’attention sur plusieurs points qui me paraissent importants. Tout d’abord, je ne crois pas que les tournures employées dans l’arrêté ministériel du 28 novembre 2014 classant les archives d’Édouard Glissant « Trésor national » puissent légitimement donner lieu à l’accusation outrancière de « falsification grossière ». Cet arrêté donne un cadre, sur les fondements de l’avis préalable d’une commission consultative, à une décision qui permet la valorisation d’un fonds d’archives exceptionnel en soi. Il n’a pas été rédigé par des spécialistes à qui serait apparu en effet le caractère discutable, par exemple, de l’expression « concept universalisant du Tout-monde ». En revanche, crier à la falsification devant l’évocation d’une proximité avec Césaire revient à nourrir un malentendu, à des fins douteuses.
Ainsi, les arguments contestant la proximité humaine ou idéologique ne sauraient être contestés, sauf là encore dans le tour outrancier qu’on veut leur donner.

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