Les sociétés de journalistes de vingt-trois médias considèrent, dans un communiqué commun publié mardi 13 juin, que le gouvernement continue d’envoyer « des signaux extrêmement préoccupants » au regard de l’indépendance des médias et de la protection des sources.
Le nouvel exécutif a-t-il un problème avec la liberté de la presse ? Le 18 mai, nous nous étions inquiétés de la façon dont l’Elysée organisait le voyage au Mali du président de la République, en sélectionnant les journalistes chargés de couvrir ce déplacement. Pas question d’« imposer » des choix aux rédactions, fut-il alors répondu.
Or la semaine dernière, ce sont cette fois deux ministres qui ont envoyé des signaux extrêmement préoccupants, quant à la manière dont ils conçoivent l’indépendance des médias et la protection des sources, ou plutôt leurs limites.
Mercredi 7 juin, quelques heures avant la diffusion par France Inter de révélations sur des soupçons d’emplois fictifs d’assistants parlementaires européens au MoDem, François Bayrou, président de ce parti et surtout garde des sceaux, a appelé en personne le directeur de la cellule investigation de Radio France pour se plaindre de prétendues « méthodes inquisitrices », ajoutant qu’il étudiait, avec ses avocats, la possibilité d’une qualification de « harcèlement »…
Interrogé à ce sujet par Mediapart, il a eu cette réponse qui laisse pantois : « Ce n’est pas le ministre de la justice ni le président du MoDem qui a appelé, c’est le citoyen !