par J. Brasseul
Michel Herland, Lettres sur la justice sociale à un ami de l’humanité. Paris : Le Manuscrit, 338 p., 2006.
La France est le pays de la justice sociale, dans les mots sinon dans les faits. Nul thème n’est aussi porteur, aussi déclamé, nulle opposition à la notion autant vilipendée. Dans les faits, il en va tout autrement, bien sûr, puisque le taux de chômage est le double de la plupart des pays développés comparables, puisque les détenteurs d’emplois font tout pour les protéger, même si c’est au détriment de ceux qui n’en ont pas, même s’il faut bloquer pour cela l’accès aux plus démunis, aux plus défavorisés, aux plus récents arrivés. Dans les faits également, les inégalités sont criantes, la richesse étalée côtoie la misère sordide, les écarts de revenus sont bien plus importants que dans l’Europe nordique, alpine ou germanique. En France, il y a une alliance de fait, comme le notait Michel Crozier (pourtant après l’éruption de 1968), entre l’individualisme anarchisant et la bureaucratie centralisatrice. C’est en tout cas la légende de couverture de son maître livre, La Société bloquée (1) : « Pourquoi la France est-elle un pays conservateur ?