Rire du théâtre au théâtre.
— Par Roland Sabra —
Le théâtre est le lieu de l’humour. Des objets incongrus, des accessoires inattendus, peuvent sortir des coulisses, tomber des cintres, surgir des trappes. Le public le sait. Il vient pour être surpris. Il se met en condition de l’être. Tout comme l’acteur se prépare dans la loge à son entrée en scène le public se prépare à recevoir le spectacle. « Soyez les ingénieux chimistes de nos métamorphoses, c’est vous qui mettez la couronne sur la tête de nos rois » (Shakespeare). L’humour porte presque toujours sur un ailleurs du théâtre, transporté, transposé pour la scène. Jean-Paul Alègre lui s’intéresse, dans la Ballade des planches, aux situations comiques générées par le travail d’une troupe de théâtre. Une comédienne attend vainement la réplique d’une remplaçante qui de mots en maux dérive du côté de l’absurde. Trois exploratrices découvrent figés dans une éternité irradiée un théâtre, sa régie et ses spectateurs. Un commercial propose de filmer, avec des inserts publicitaires, la mise en scène du suicide d’un désespéré. Lors d’une répétition des comédiens se perdent dans la complexité, puis dans la confusion des propos abscons d’un auteur.