Die dingen die voorbijgaan, pièce adpatée de la nouvelle que Louis Couperaus écrivit en 1904 alors qu’il résidait à Nice, restitue avec une justesse confondante le climat moral sombre et angoissant dans lequel évolue la bourgeoise puritaine de La Haye, dans des familes fortunées organisées en clans, dont une partie réside en Inde. L’omniprésence de l’angoisse de mort, l’obsession du vieillissement, de la flétrissure du corps et la présence obsessionnelle du sexe et de toutes ses perversions y rendent l’atmosphère étouffante et propice à tous les débordements, à tous les crimes et aux assauts de la culpabilité.
C’est cette ambiance noire que s’ingénie à restituer la mise en scène d’Ivo Van Hove, où la couleur noire affecte tous les habits (à l’exception d’un seul personnage, l’italien, vêtu de blanc), le sol, les images dans le miroir et même la neige. Tout, les actes, les sentiments, le décor respire la mélancolie, l’angoisse et l’approche inéluctable de la mort. Il n’est pas jusqu’au sexe le plus exubérant (scène ambiguë des amants jouant à recouvrir leur corps de crème chantilly) qui ne soit teinté de cette tristesse et de ce fond de désespoir.