— Par Djénaba Diallo & Michel Pennetier—
Chapitre IV
La France
Le gigantisme de Roissy, cette façade prétentieuse de l’Occident ne l’impressionne pas. Sur le tapis roulant qui la surprend quand même un peu, pas d’émotions particulières, pas d’exaltation, pas de frisson de l’aventure, elle pense simplement à tous ces gens qu’elle a laissés en Afrique et qui ont voulu l’empêcher de faire sa vie, et elle a envie de leur dire : « Voilà, je vous ai échappé, maintenant je suis mon chemin ». Sur le sol de la France, elle se sent en accord avec elle-même. Elle téléphone à une tante de Dakar, une intellectuelle, pour lui dire qu’elle est bien arrivée. La femme lui demande ses premières impressions. « Il y a beaucoup de Blancs, plus qu’à Dakar », dit Djen en riant. Puis elle appelle son père qui lui dit tout surpris : « Ma fille, tu es un homme ! ».
Djen arpente l’aéroport bruissant de milliers de voyageurs qui arrivent ou partent, des appels sucrés des hôtesses. Elle trouve enfin la file des taxis et se fait conduire à la Gare de Lyon.