— Par Selim Lander —
« Tant de chemin parcouru, Mama Africa,
et ta robe est toujours plus rouge-sang,
plus rouge de rage et de colère… »
Une voix se fait entendre parfois dans Le Manteau, délivrant une parole poétique ou rappelant, grâce à quelques statistiques, les malheurs de l’Afrique. Car la chorégraphe Irène Tassembédo n’est pas mue uniquement par une intention artistique. Elle s’engage, elle dénonce… tout en s’interrogeant sur l’utilité pratique de sa démarche : « Le geste et la musique peuvent-ils panser les blessures ? Cette interrogation ontologique de la chorégraphie africaine contemporaine, je la reprends à mon compte », a-t-elle déclaré. I. Tassembédo, après une carrière menée principalement en France, est retournée dans son pays natal, le Burkina Faso, en 2007. Elle y a fondé une école et plus récemment lancé le Festival international de danse de Ougadougou. À l’entendre, elle voudrait assigner à la danse une fonction cathartique. Si l’on aimerait qu’il en soit ainsi, l’on voit bien que les choses ne sont pas aussi simples et l’on comprend qu’elle-même soit amenée à douter.