— Par Christophe Dejours* —
Ou bien le travail est un lieu d´exercice, pour chacun, de la délibération et de la confrontation des opinions ; ou bien il est un lieu d´expérimentation de la duplicité, de la manipulation et de la méfiance qui conduisent à la démobilisation, à la solitude et au repli individualiste défensif Le Monde daté du mardi 16 janvier 2001 En décembre, dans un discours à l´Académie des sciences morales et politiques, le président du Medef a vigoureusement appelé à la revitalisation de la société civile et, pour ce faire, a exposé un projet de refondation sociale. Son principal leitmotiv est la dénonciation des interventions de l´État, du gouvernement, de l´administration, du Parlement et de l´appareil judiciaire, qu´il tient pour responsables de « la sclérose du modèle social français ». Il ne souhaite rien de moins que de » faire reculer le domaine [de la loi] au profit du contrat « .
L´ensemble de son argumentaire se déploie donc vers l´extérieur de l´entreprise. Mais peut-être faudrait-il aussi attirer l´attention vers l´intérieur. Les nouvelles formes d´organisation du travail, de gestion et de management qui succèdent au modèle fordiste se caractériseraient par « le développement de l´autonomie et la mise en place d´une hiérarchie à la fois plus directe et plus légère » , ce qui laisse supposer qu´elle serait plus souple et plus nuancée.