— Par Yves-Léopold Monthieux —
Après avoir relu le livre-témoin de Gesner Mencé, L’affaire de l’OJAM ou le Complot du mardi-gras ; revu le film de Camille Mauduech, La Martinique aux Martiniquais, acte I, et pris connaissance de l’acte II : une mine de révélations en mode de confessions ou d’aveux ; après avoir assisté à deux débats sur le film, dont l’un avec la participation d’anciens de l’organisation, il est possible d’avoir une bonne connaissance du phénomène de l’OJAM. Lequel n’eût jamais eu un tel retentissement sans la regrettable arrestation de quelques-uns de ses membres.
Marqué par les meurtrissures de la décolonisation, de la guerre d’Algérie, en particulier ; instruit de la fragilité sociale des nouveaux départements ; la France craignait l’apparition de nouveaux foyers insurrectionnels. Aussi, elle avait cru devoir réprimer dans l’œuf toute agitation, avant de prendre diverses mesures destinées à transformer, de fait, le mode d’appartenance de ces territoires à la France (SMA, AFPA, BUMIDOM, réforme foncière, abattement fiscal, quota d’importation, etc). Selon l’historien Julien Sainton, l’intégratioon se serait substituée à l’assimilation. Bref, l’OJAM fit les frais de cette répression comme ce sera le cas, en d’autres circonstances, en Guadeloupe.