— ParCorine Peluchon —
L’homme a refusé de mener un combat contre l’entreprise qui l’a licencié pour préserver sa «santé mentale». Contraint de se vendre comme une chose il veut, encore une fois, sauver sa dignité.
Le film de Stéphane Brizé, La Loi du marché, est un grand film dont on ne sort pas indemne. Cela n’est pas seulement dû à l’empathie que l’on éprouve pour le personnage principal incarné par Vincent Lindon, Thierry Taugourdeau, un chômeur de plus de cinquante ans qui a du mal à retrouver du travail après un licenciement. La force et l’originalité de ce film consistent à montrer l’impact de l’organisation du travail sur la subjectivité et sur nos rapports avec les autres. Nous sommes en présence d’un système que nous pouvons, faute de mieux, appeler «capitalisme», à condition d’ajouter qu’il ne se caractérise pas exclusivement par le fait que le profit ou la loi du marché règnent en maîtres, mais par l’existence de dispositifs qui fabriquent la réification, c’est-à-dire que les individus développent la tendance à éprouver leurs désirs et leurs buts selon le modèle de choses manipulables.