— Par Kenjah —
La confusion, entretenue en France depuis trois siècles, entre la nation et la République est la matrice la plus propice à tous les amalgames. Depuis la Révolution, la tradition politique française fait le grand écart entre une construction ethnique de la nation et une conception universaliste de la République. Ce grand écart, fondé dans l’expérience coloniale et l’exploitation d’un empire mondialisé, s’incarne dans le concept d’État-nation, dans lequel les principes universels de la République sont soumis aux impératifs de la domination ethnique et de l’exclusion des différences.
Il faut renoncer à toute illusion de voir les Français « de souche » réformer cet imaginaire revendiquant ses racines judéo-chrétiennes et une mission civilisatrice lui conférant une forme prétendue de supériorité essentielle. Qui pourra faire obstacle à cette volonté de rétrécissement, à ce choix du plus étroit ? Plus que jamais, la France est face à elle-même et à son destin.
Un vent de pogrom et de ratonnade se lève sur la France. Je ne m’imposerai pas à ceux qui me rejettent et me relèguent dans leurs marges. Me revendiquant enfant de la République, je ne me reconnais pas dans cette nation arrogante et aveugle, même quand elle se veut de bonne foi, comme un entraîneur de football.