— Par Sabrina Solar —
Dans son essai « Ainsi l’animal et nous » (Actes Sud, 2024), Kaoutar Harchi, sociologue et écrivaine, propose une réflexion inédite et ambitieuse sur les liens profonds entre les violences subies par les animaux et celles infligées aux humains marginalisés. En explorant le concept d’ »animalisation », elle démontre comment la réduction des individus à une supposée « animalité » a servi d’outil de domination et de marginalisation à travers l’histoire, et continue de structurer les rapports sociaux contemporains.
L’animalité au cœur de la violence sociale
Partant de sa propre expérience, Harchi ancre son ouvrage dans une « scène marquante de son enfance ». Lors d’un été dans un quartier populaire, un jeune garçon nommé Mustapha est mordu par un chien policier. La réaction violente des forces de l’ordre, qui menacent la foule en criant « c’est vous les chiens », illustre la manière dont le pouvoir établit une hiérarchie entre humains, traitant certains comme des êtres inférieurs, réduits à l’animalité. Cet événement devient un exemple frappant de la façon dont « l’animalisation des minorités » a été et demeure un « instrument de domination sociale« .