Étiquette : Kamel Daoud

A l’appel de Kamel Daoud, mobilisation internationale pour la liberté d’expression et la libération de Boualem Sansal

— Par Jean Samblé —

Kamel Daoud, écrivain franco-algérien et lauréat du prix Goncourt 2024, a lancé un appel vibrant à la solidarité internationale suite à l’arrestation de son ami et confrère Boualem Sansal, survenue le 16 novembre 2024 à Alger. Cette arrestation, confirmée par l’agence officielle algérienne, a immédiatement suscité une mobilisation de la part de nombreux écrivains et intellectuels à travers le monde, notamment des lauréats du prestigieux prix Nobel de littérature tels qu’Annie Ernaux, Jean-Marie Le Clézio, Orhan Pamuk et Wole Soyinka, ainsi que des figures emblématiques du monde littéraire et de la pensée critique, dont Salman Rushdie, Peter Sloterdijk, Andreï Kourkov, Roberto Saviano et Alaa El Aswany. Ensemble, ils se sont joints à l’appel de Kamel Daoud, signant une pétition demandant la libération immédiate de Boualem Sansal, et exprimant leur profonde inquiétude face à cette nouvelle attaque contre la liberté d’expression en Algérie.

Dans son texte, publié dans le journal Le Point, Daoud exprime une « profonde inquiétude » et dénonce la situation dramatique qui prévaut en Algérie, où la liberté d’expression est de plus en plus réprimée par un pouvoir autoritaire.

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Kamel Daoud : « L’orgasme n’est pas un complot occidental »

Dans une tribune au « Monde », l’écrivain algérien critique la traque de la sexualité par les religieux du monde musulman.

Tribune. Le sexe est-il l’ennemi d’Allah ou de Jéhovah ou de Dieu ? Dans le monde musulman, aujourd’hui, l’opposition entre les deux est violente quoiqu’on cherche à le nier sous prétexte de « culture différente », par refus de « l’essentialisme », comme il est à la mode de le formuler aujourd’hui, ou par narcissisme, toujours exacerbé chez le post-colonisé.

Il est pourtant au cœur des discours du prêcheur dans les mosquées, du cheikh qui occupe les télés religieuses, ou des thématiques qui ont les faveurs des médias islamistes ou conservateurs, de la harangue des foules ou des excès des réseaux sociaux.
Société idéalisée et asexuée

La chasse au sexe – formule lapidaire pour désigner la criminalisation de la sexualité –, au prétexte de la vertu, revêt même les attributs d’une guerre pour « sauver » l’identité, se faire gardien d’une « culture nationale authentique », ou même d’une société idéalisée et asexuée dans des pays musulmans.
« Le sexe, la sexualité, l’orgasme, le corps sont d’ailleurs confondus, sciemment dans la rhétorique des prosélytes, avec l’Occident comme corps fantasmé.

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Islamisme et dictature, les deux faces d’une même pièce

— Entretien réalisé par Sophie Joubert et Rosa Moussaoui —

islam_islamismeDe passage à Paris, l’Égyptien Alaa El Aswany et l’Algérien 
Kamel Daoud se sont prêtés au jeu du dialogue entre deux écrivains aux premières loges des bouleversements qui refaçonnent, depuis 2011, le Maghreb et le Machreq. Paroles de liberté en toute liberté.

Alaa El Aswany, dans votre livre Extrémisme religieux et dictature, vous évoquez à propos de l’islamisme et des régimes autoritaires les deux faces d’un même malheur historique… Quels liens ces deux projets politiques entretiennent-ils ?

Alaa El Aswany : Je parlerai de l’Égypte. L’Occident commet à mon avis une erreur en appliquant la même grille de lecture à tous les pays arabes… Dès 1952, en Égypte, ce piège s’est mis en place : d’un côté la dictature, de l’autre, le fascisme religieux, avec une alliance tacite entre le dictateur et les extrémistes. Le dictateur utilise les extrémistes pour se débarrasser du mouvement démocratique⋅ Mais lorsque les extrémistes veulent le pouvoir, une confrontation se produit : les extrémistes sont réprimés, jetés en prison, assassinés⋅ Vient ensuite le temps des négociations aboutissant à une nouvelle alliance⋅ Au final, c’est toujours le peuple qui paie l’addition, bien plus que les extrémistes.

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Kamel Daoud, prix Goncourt du premier roman : « Une réussite exceptionnelle »

kamel_daoudL’écrivain algérien Kamel Daoud, visé par une fatwa dans son pays d’origine, a reçu mardi le Goncourt du premier roman pour Meursault, contre-enquête. Bernard Pivot évoquait en octobre dernier […] ce roman virtuose, à la fois un complément et une suite à L’étranger d’Albert Camus. Relisez sa chronique.

L’assassin a un nom : Meursault. Mais sa victime n’en a pas. L’écrivain se contente de l’appeler l’Arabe. Sur une plage d’Alger, Meursault a tué l’Arabe de cinq balles de revolver. L’Étranger, paru en 1942, n’a plus cessé d’être lu et relu. C’est le roman le plus célèbre, le plus emblématique, le plus commenté d’Albert Camus. Il commence par une phrase légendaire : « Aujourd’hui, maman est morte. » Meursault ne pleurera pas à l’enterrement de sa mère et c’est principalement à cause de cette froideur, de cette insensibilité qu’il sera condamné à mort. Il a refusé de paraître ce qu’il n’est pas, autrement dit de mentir. Il regrette moins son crime que l’ennui qu’il éprouve à en répondre. Voilà une attitude intolérable qui sera punie, au nom du peuple français, par « la tête tranchée sur une place publique. 

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