— Par Dominique Widemann —
Judas, de Rabah Ameur-Zaïmeche. France. 1 h 39.
De « Wes wesh qu’est-ce qui se passe ? » au « Dernier Maquis » en passant par « les Chants de Mandrin », Rabah Ameur-Zaïmeche ne cesse de mettre en œuvre la puissance du cinéma pour faire bouger les lignes. Cette fois, il réinvente « Judas » et son rôle dans un film superbe.
D’entrée, l’immensité verticale d’une falaise de pierre confère au paysage une dimension mythologique. Nous éprouvons avec celui qui la gravit à pas d’homme la durée de l’ascension, la ferveur qui le hisse à un trou de roche élevé. Autour, le désert, étiques broussailles agitées par le vent, sentes tracées par les troupeaux. Judas (Rabah Ameur-Zaïmeche en personne) accueille Jésus (Nabil Djedouani) qui vient de regagner la terre de Judée où l’attendent ses disciples. Judas, le plus proche de ses compagnons de vie, le garde et le guide, assure l’intendance et le parcours de ce maître spirituel dont la lumière lui a toujours comblé l’âme. Cette lumière nous parvient par la plénitude joyeuse du regard de Judas, le soin fraternel de ses gestes quand il arrange autour du front de Jésus les plis d’un châle, oriente vers Jérusalem ses épaules qu’il vient de revêtir d’un manteau de laine et le contemple rejoignant son peuple, beau comme un fiancé.