Venus noire
Créer une œuvre d’art visuel est un acte éminemment politique. Dans les enjeux de pouvoir, les images jouent aujourd’hui un rôle prépondérant. Pourtant elles se réduisent la plupart du temps à des écrans vides voilant le réel et représentant des visions appauvries, ponctuelles et limitées. Elles sont diffusées de telle manière qu’elles s’imposent, hypnotiques, paralysantes, dans l’intimité de chacun. Pour la première fois peut-être dans l’histoire humaine, elles envahissent le champ de vision, pléthoriques et aveuglantes illusions. Les outils permettant de les réaliser comme les logiciels informatiques et les appareils de toutes sortes, sont eux-mêmes conçus à partir de points de vue restreints sur le monde. Les images pourraient-elles remplacer le réel ? Il semble parfois que les experts en communication tentent de nous faire croire qu’elles en sont des représentations fidèles qui peuvent, elles, être consommées en toute sécurité. N’est-il pas étrange de constater que de nombreux individus semblent préférer la relation à l’image, à l’expérience sensible du réel ? Une véritable dictature de l’image asservit de plus en plus efficacement les imaginaires. Limitée et cadrée dans le rectangle de l’écran, elle s’impose au centre des champs de vision.