— Par Christophe Dejours* —
Le paradoxe des activités ludiques, c’est qu’elles ont leur utilité : elles permettent, ici, de maîtriser l’angoisse ; là, de maintenir la vigilance, d’accroître la sensibilité et l’habileté professionnelle. Le plus surprenant, c’est que, souvent, les salariés en éprouvent de la gêne, de la culpabilité ou de la honte
Jouer sur les lieux de travail est illégal. » Tel est le jugement rendu en mars dernier par la Cour de cassation, concernant un intermédiaire financier surpris alors qu’il se livrait » à des jeux de hasard avec des tiers. En l’occurrence des paris sur l’élection présidentielle et sur les matches de football « . Ce salarié a été licencié sur-le-champ pour faute grave.
Il va de soi qu’activité ludique et activité de travail sont antinomiques. S’entendent déjà les gloussements d’indignation : » On ne paie tout de même pas les gens pour qu’ils jouent à la belote ou aux échecs, au lieu de travailler ! C’est inimaginable ! » Imagination ? Raisonnons plutôt et intéressons-nous aux réalités du terrain.
Prenons l’exemple des cambistes qui spéculent sur les taux de change.