Au cinéma, l’ère des biopics et des réalités fictionnées
— Par Janine Bailly —
Il semblerait que, par les temps qui courent, un certain nombre de réalisateurs un tantinet en manque d’inspiration puisent, à d’autres sources qu’imaginaires et personnelles, le sujet de leurs films. Si le phénomène a toujours existé, il me paraît prendre de l’ampleur, qu’il s’agisse d’adapter un roman à succès – devenu classique ou se tenant en vogue –, de traiter d’événements qui marquent l’époque et défraient la chronique, de faire vivre enfin dans ce que l’on nommera “biopic” un personnage, mort ou vif, présentant plus ou moins d’intérêt pour le spectateur que nous sommes. Dans un autre domaine, on connaît depuis longtemps l’habileté des cinéastes américains à mettre en scène les malversations diverses, les affaires et scandales politiques, sociaux, voire écologiques, sous forme d’enquêtes plus particulièrement. On sait aussi que la grande Histoire, passée ou actuelle, est sous tous les cieux un réservoir où trouver des scénarios, plus ou moins fidèles, plus ou moins fictionnés, susceptibles de toucher un large public. Un genre nouveau, hybride, le docu-fiction – d’abord télévisuel, reconstitution de faits réels mêlant images de synthèse, scènes jouées pas des acteurs, archives et documents authentiques – est adopté aussi par par un nombre croissant de cinéastes.