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La Guadeloupe, ne grattons pas la peinture.

— Par Jean Roger —

gwada_dechetsKarukera

L’île aux belles eaux est un joyau posé au milieu de l’arc des Petites Antilles. Une nature incroyable, une forêt majestueuse, un volcan menaçant, des récifs coralliens riches, des mangroves impénétrables, des centaines d’espèces animales et végétales, une biodiversité éclatante en somme.
Malheureusement, quand on gratte un peu sous ce vernis idyllique, c’est loin d’être rose. C’est même plutôt gris, sale, désolant.
Car l’île papillon ne s’est pas développée sans dégâts colatéraux: atteignant une population de plus de 403000 âmes au 1er janvier 2014 (c’est à dire le double de sa population en 1950) sur un territoire de seulement 1704 km² (densité de population de 236 hab/km² pour 118 hab/km² en France métropolitaine), qui (sur-)consomme, se déplace, et il faut l’avouer, a d’autres préoccupations que la protection de son environnement, il fallait s’attendre à ce que cela pose de sérieux problèmes, sociaux, économiques, environnementaux. Dans le cadre de cet écrit, nous nous limiterons à la seule question environnementale.

Prenons la route et rendons-nous à la plage.

Outre les interminables bouchons de ciculation liés à un manque évident de transports en commun (nous ne sommes qu’au XXIème siècle…) et une politique d’importation de véhicules désastreuse (toujours plus!!),

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Le Resort : une solution durable de protection du littoral

— Par Jean ROGER —
betonnage_littoralJe me promenais sur la plage dimanche dernier du côté de Petit-Havre, Le Gosier (Guadeloupe), et je constatais encore une fois combien le littoral y est fortement impacté par l’homme, comme en beaucoup d’autres endroits de l’archipel, et ce malgré le caractère classé de ce site du Conservatoire du Littoral : de moins en moins d’arbres en bord de plage, de véritables maisons construites çà et là par les « campeurs », des foyers à même le sable, des herbiers piétinés, des monticules de tests d’oursins blancs, des os de tortues çà et là, et du plastique, beaucoup de plastique.
Ayant eu l’occasion de voyager un peu partout dans le monde, il m’est alors venu une idée formidable : pourquoi ne construisons-nous pas des Resorts (complexes hôteliers) immenses dans toutes ces baies ? Cette question semble déraisonnée pour le protecteur de l’environnement que je suis, mais pourtant…
Outre le côté « bétonisé » de ce genre d’infrastructure, elle offre des avantages sans commune mesure.
En effet, la construction d’un Resort entraîne évidemment la privatisation quasi-intégrale des baies, les protégeant du camping sauvage et de (-presque-) toute forme de délinquance telle que les regroupements de musiciens drogués, la contrebande et bien sur, le braconnage.

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Le voyage du bouchon

— Par Jean ROGER, président de l’association CARIBBEAN LAGOONS — (www.caribbeanlagoons.com)

plastic_en_merAlors que je m’active à ramasser les quelques déchets laissés par les visiteurs de la réserve naturelle de Petite-Terre, Guadeloupe, en cette fin de samedi 24 janvier 2015, travail faisant partie de ma mission d’écovolontaire de l’association Ti-Té, mon regard butte sur un bouchon de bouteille en plastique : d’un bleu ciel inhabituel pour les bouteilles de Guadeloupe, il revêt également une inscription peu créole, Sidi Ali. Ayant un peu voyagé ces dernières années, je n’ai aucun doute quant à l’origine marocaine de ce bouchon. D’ailleurs après vérification, il s’agit bien d’un bouchon portant la marque d’une eau minérale d’Oulmès, Maroc, que je viens de trouver dans la laisse de mer de la journée parmi les sargasses et autres posidonies, au niveau de la cocoteraie de Petite-Terre. Je le montre à mes collègues qui n’ont alors qu’une question : mais comment est-il arrivé ici ? Peu de chance qu’un touriste ait eu dans son sac une bouteille d’eau marocaine.
Il y a 3 ans, j’ai eu l’occasion d’aller avec mon équipe faire des recherches sur les submersions marines à Sainte Lucie.

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Nicaragua et Empire du Milieu : un canal de trop.

— Par Dr Jean ROGER, chercheur indépendant, GMER Etudes Marines (www.g-mer.fr) —

Des forêts à perte de vue, des volcans, des espèces endémiques en voie d’extinction, des kilomètres de côtes immaculées, et un projet pharaonique pour concurrencer le canal de Panama. Nous sommes au Nicaragua, un des pays les plus pauvres, mais aussi des plus préservés d’Amérique latine sur lequel la Chine, dans son élan de conquête du monde, a jeté son dévolu depuis pas mal d’années déjà. Son objectif : relier la mer des Caraïbes à l’océan Pacifique en creusant un second canal, plus large, plus profond, plus long que celui du Panama. Une concession de 50 ans renouvelable vient d’ores et déjà de leur être attribuée par le gouvernement Nicaraguayen. Les raisons sont vaguement justifiées par les instigateurs du projet. Par exemple ils avancent le besoin de faire passer de plus gros navires, avec une plus grande fréquence, ou encore de relier la côte est à la côte ouest des Etats-Unis plus rapidement. Mais il y a surtout une raison bien plus évidente, celle de pouvoir aller pomper plus facilement les importantes réserves de pétrole du Venezuela pour les expédier à moindre coût vers la Chine.

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Oursins blancs : à consommer jusqu’à extinction ?

— Dr Jean ROGER, G-MER Etudes Marines (www.g-mer.fr)

Le 19 août 2002, le préfet de la Guadeloupe réglementait par arrêté (n°2002/1249/PREF/SGAR/MAP) la pêche des oursins blancs (tripneustes ventricosus), la rendant possible uniquement du 16 décembre au 14 janvier de chaque année. La raison, une disparition progressive et marquée de l’espèce dans l’archipel du fait d’une surconsommation du « caviar des Antilles », pourtant très utile dans le processus de protection des récifs coralliens de par son activité d’herbivore consommant les algues et permettant aux nouvelles colonies de se fixer. En 2012, le préfet durcissait la mesure en interdisant complètement cette pêche, sans exception. Depuis, la demande a baissé et cette mesure a donc permis à l’espèce de perdurer, et recoloniser les fonds marins dans certaines zones, qui étaient pourtant en situation critique avant l’arrêté préfectoral, comme par exemple à la Désirade (photo 1) où la densité approche de celle des réserves naturelles marines comme Petite-Terre (photo 2).
Malheureusement, il existe toujours des réfractaires à la loi, que nul n’est censé ignorer, qui s’entêtent à piller les gisements qu’ils découvrent.

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