Philippe Arnaud
Comme aurait dit Coluche, c’est l’histoire d’un mec qui cherche ses clés sous un lampadaire. Question : pourquoi sous un lampadaire ? Réponse : pas parce qu’il les a perdues là, mais parce que c’est le seul endroit éclairé de la rue.
De cette situation comico-absurde, Jean-Paul Fitoussi a tiré un théorème, qu’il formule ainsi : « Si les objectifs que la politique économique met en pleine lumière ne sont pas ceux qui importent vraiment pour les sociétés, nous n’aurons aucune chance de comprendre pourquoi le fait de les avoir atteints ne résout nullement le problème initial. »
La science économique, explique M. Fitoussi, se réduit à ce qu’elle est capable de rationaliser, ou d’éclairer. Le problème est qu’elle se révèle de moins en moins apte à résoudre les problèmes majeurs de notre temps, notamment celui du chômage, et celui de l’environnement.
« Nous continuons pourtant d’agir, à quelques exceptions près, comme si nous nous trouvions dans le monde d’avant, comme si les crises successives que nous venons de traverser n’étaient que des parenthèses appelées à se refermer au plus vite », affirme le professeur à l’IEP de Paris, qui trouve désespérant de mettre en parallèle les préconisations de politique économique des années 1980 et 1990, et d’aujourd’hui.