Nous vivons une drôle d’époque… et pas seulement en raison de la crise sanitaire, d’autres virus s’étant infiltrés au cœur de nos sociétés, que l’on pensait plus subtiles ! Si l’on en croit certains mouvements féministes, comme aussi cette inscription relevée à Paris sur les murs d’une certaine faculté, il faudrait donc avec d’autres me clouer au pilori pour avoir, pendant plus de quarante ans, distillé le poison de la poésie ronsardienne à des générations d’élèves. À des classes où d’innocentes jeunes filles auraient, par ma seule faute d’enseignante inconsciente, été exposées à la promiscuité, malsaine et dangereuse, d’écrivains violeurs en puissance, ou de personnages dépravés, fussent-ils seulement de fiction. Certes, il y avait bien péril en la demeure, et le combat, et la mutation qui – peut-être – est en train de s’opérer dans les rapports qui lient – ou délient – les hommes aux femmes, étaient plus qu’urgents et nécessaires. Mais comme le disait ma grand-mère, « le trop est l’ennemi du bien », et l’on peut le penser quand à ce sujet le « trop » entraîne des dérives inquiétantes, quand le « trop » consiste à vouloir rétablir une sorte de censure aveugle, confondant vie réelle et littérature, œuvre de papier et œuvre de chair.
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Education Formation, Politiques
Jean-Paul Brighelli : « Comment peut-on enseigner avec un masque ? »
Pour les enseignants, un bien cruel dilemme… Jean-Paul Brighelli nous livre son analyse dans FigaroVox
Le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer a finalement annoncé que l’obligation de porter le masque concerne tous les enseignants, y compris en maternelle. Les relations entre les élèves et leur professeur s’en trouveront affaiblies, regrette l’enseignant et essayiste Jean-Paul Brighelli.
Jean-Paul Brighelli¹ :
Peut-être vous rappelez-vous les travaux de Gregory Bateson² et de l’École de Palo-Alto, qui ont renouvelé grandement la théorie de la communication. Ils ont fait émerger la notion de « double bind³ », la double contrainte — même si la traduction française évacue le nœud qui était central dans l’expression américaine. C’est bien dommage, parce que la double contrainte est au cœur des processus tragiques : si Phèdre parle, elle meurt, et si elle ne parle pas, elle meurt. Ou, si l’on préfère un exemple moins dramatique, c’est ce qui arrive à ce légionnaire romain sommé, dans « Astérix en Corse », de dire que la sœur du chef corse lui plaît — et alors on le tue — ou qu’elle ne lui plaît pas — et alors on le tue.
Education Formation
Enseigner masqué dans une France masquée, utopie, réalité ou défi ?
Jean-Paul Brighelli : « Mimiques, gestes, inflexions de voix, tout participe de la véracité de notre discours — ou de nos mensonges ».
De deux longs articles lus sur le blog de Jean-Paul Brighelli, enseignant et essayiste que l’on connaît pour ses critiques du système éducatif français — il publie en 2017 un essai, « C’est le français qu’on assassine » —, je n’ai retenu ici que quelques extraits, ceux qui concernent l’enseignement, tant se retrouver en septembre prochain devant une classe, en « présentiel » certes mais derrière l’écran obligé du masque, peut sembler un projet incongru, inconcevable, voire irréalisable, à certains personnels des établissements scolaires. Non dénué d’un certain humour, l’auteur met sa culture, qui est vaste, au service d’une argumentation heureusement imagée d’exemples parlants, et parfois propres à faire sourire. Sans concession au « bien penser », il dit clair et net ce qu’il croit être juste. L’intégralité de ce que l’on pourrait nommer « pamphlets » se retrouve sur « Bonnet d’âne », le blog qui porte en exergue une citation de Jean-Baptiste Gresset : « Les sots sont ici-bas pour nos menus plaisirs ».(Janine Bailly)
Suivre les liens : La France masquée / Enseigner masqué
D’après le blog de Jean-Paul Brighelli : « (…) j ‘aurais expliqué que l’enseignement est prioritairement un art de la scène, et que l’on demande à un prof d’être avant tout un acteur.