— Par Jean-Marie Nol, économiste —
Les jeunes des Antilles sont souvent au cœur de discours empreints de stigmatisation, révélant davantage les peurs et fantasmes d’une société en mutation que la réalité sociologique. De nombreuses critiques leur sont adressées : ils seraient mal éduqués, paresseux, réfractaires à l’autorité, égoïstes et même violents. Ces reproches, loin d’être nouveaux, s’inscrivent dans une tradition bien ancrée, non seulement dans les Antilles françaises, mais à travers l’histoire humaine. Déjà, Socrate, il y a plus de deux millénaires, dénonçait une jeunesse qu’il jugeait frivole, irrespectueuse et rebelle. Les jeunes d’aujourd’hui aux Antilles ne semblent donc pas échapper à ces représentations souvent caricaturales, marquées par des jugements globalisants et des préjugés tenaces. Pourtant, ces affirmations générales sont souvent démenties par des études et enquêtes sociologiques qui tendent à nuancer ou invalider ces « constats » qui circulent si facilement.L’une des grandes questions qui se posent est celle de la persistance de ces préjugés à l’égard des jeunes, notamment dans un contexte antillais où les mutations sociétales et technologiques sont profondes. Les jeunes des Antilles évoluent dans un environnement économique difficile, marqué par une situation inflationniste, des finances publiques sous pression, et une crise du logement qui les empêche d’envisager un avenir serein.

En quoi la fibre sociale héritage d’un passé révolu , peut -t-elle aujourd’hui être un facteur négatif pour un changement de paradigme économique aux Antilles ?
Le problème de la Guadeloupe et la Martinique actuellement, c’est qu’elles appliquent un modèle politique et économique qui a été conçu initialement pour développer les activités tertiaires à partir des transferts publics, ce qui implique que le problème actuel de mal développement ne va pas aller en s’arrangeant, car avec la réduction attendue de la dépense publique, ainsi que l’émergence de la révolution numérique, de l’automatisation et l’intelligence artificielle ce modèle de société de la départementalisation est d’ores et déjà condamné dans le temps. Et pourtant, nul remise en cause sérieuse à l’horizon. De fait, l’être humain a besoin d’entrer dans des impasses pour mieux comprendre les enjeux de demain. Les impasses peuvent soit finir sur un chaos généralisé, soit permettre d’initier autre chose. Le chaos social est tout à fait possible en Martinique et en Guadeloupe : une sorte de cocotte-minute identitaire d’incertitudes et d’inquiétudes est en train de miner les âmes et les consciences. Le problème aujourd’hui n’est pas de se réjouir de cela, mais de voir ce qu’on peut tirer de cette évolution.
L’immobilier, longtemps considéré comme une valeur refuge en Guadeloupe et Martinique, est aujourd’hui confronté à des défis majeurs, qui menacent de bouleverser profondément ce marché autrefois florissant. Le marché immobilier en Guadeloupe et en Martinique, autrefois dynamique et résilient, est désormais gravement affecté par une crise profonde, marquée par une spirale inflationniste des coûts de construction. Ce phénomène, qui touche de plein fouet les Antilles, freine considérablement l’accès à la propriété pour une grande partie de la population et compromet les perspectives de développement du secteur. D’après l’Insee, le coût de construction immobilière a augmenté de 30 % depuis 2020 aux Antilles. Plusieurs facteurs sont à prendre en compte pour expliquer cette situation. Le facteur principal est l’inflation due au déclenchement de la guerre en Ukraine et aux ruptures des chaînes de production post-crise sanitaire. Les terrains dans les lotissements, autrefois accessibles, deviennent aujourd’hui hors de portée pour beaucoup d’Antillais de la classe moyenne en raison de la flambée des prix, liée en grande partie à l’explosion des coûts des matériaux de construction. Ce contexte exacerbe les inégalités sociales et les tensions identitaires.
En Guadeloupe, l’épargne accumulée par la population représente un potentiel considérable pour stimuler un développement économique et social durable. Pourtant, la mobilisation de cette épargne, particulièrement celle de la classe moyenne, demeure un défi majeur. Les Guadeloupéens continuent de privilégier les investissements dans l’immobilier et de laisser de côté les placements en bourse, révélant une aversion pour le risque caractéristique de pertes financières potentielles. Un autre phénomène préoccupant est l’augmentation des dépôts à vue, c’est-à-dire de l’argent laissé sur des comptes courants non rémunérés. Aujourd’hui, ces dépôts atteignent 2,4 milliards d’euros, soit une augmentation de 64 millions en quelques mois seulement.Ce comportement s’explique en partie par le contexte économique et politique global. La hausse des taux d’intérêt, qui avait rendu certains produits d’épargne comme le Livret A plus attractifs, a été suivie d’un retournement. Face aux incertitudes géopolitiques, notamment au Proche-Orient, et aux fluctuations économiques mondiales, les ménages préfèrent la prudence. Même avec un recul de l’inflation, la peur d’un nouveau choc économique persiste, poussant les Guadeloupéens à conserver leur argent plutôt que de le placer.Cependant,
— Par Jean-Marie Nol, économiste —
Le développement économique de la Guadeloupe fait face à des défis majeurs, exacerbés par une trop grande dépendance à la France hexagonale et une sous-exploitation du potentiel de la diaspora antillaise. Cette dépendance se manifeste par un recours excessif aux subventions et aides de la métropole et par une importation massive de biens, ce qui limitera si rien ne bouge sur le front économique, l’autonomie et l’innovation locale. L’insularité et l’éloignement géographique entraînent des coûts de transport trop élevés et un accès restreint aux marchés internationaux, réduisant de façon structurelle ainsi la compétitivité des produits locaux. Les infrastructures inadéquates, la faiblesse de la productivité du travail et une bureaucratie complexe découragent les investisseurs et freinent la création d’entreprises. Sur le marché du travail, le chômage élevé et l’inadéquation des compétences freinent la croissance économique, nécessitant des politiques publiques et de formation professionnelle plus efficaces. La fiscalité élevée et le coût de la vie dissuadent les investissements et réduisent le pouvoir d’achat des consommateurs qui sont de plus confrontés à une spirale inflationniste. 
En 2023, une étude de la Fondation Jean-Jaurès révélait que deux tiers des Français se considéraient comme appartenant à la « classe moyenne ». Pour la Fondation Jean-Jaurès, le revenu pourrait être une première piste pour définir la classe moyenne. Elle propose de circonscrire cette catégorie entre les 30 % de Français les plus modestes et les 20 % les plus riches. Cependant, cette approche ne rend pas compte des disparités importantes au sein de la classe moyenne. Le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc) la divise en deux sous-catégories : les classes moyennes inférieures et supérieures. Les premières regroupent environ 30 % des Français, avec un revenu mensuel compris entre 1 440 et 2 260 euros. Les secondes représentent 20 % de la population, avec des revenus allant de 2 260 à 3 110 euros par mois. Cette « bipolarisation de la classe moyenne » résulte d’une progression des revenus plus lente que celle du niveau de vie médian.Cependant, cette notion reste floue et difficile à cerner précisément en Guadeloupe et Martinique.
L’éclatement de l’identité antillaise est souvent évoqué pour expliquer une partie du mal-développement et du malaise politique et identitaire persistant qui touche la Guadeloupe et la Martinique. Dans les périodes de tourmente, quand la démocratie vacille depuis la dissolution de l’Assemblée nationale et la possibilité de l’extrême droite d’arriver au pouvoir dans les prochaines années, il est de grands livres dans lesquels il est revigorant de se replonger. Pour retrouver de l’espoir quand l’heure n’en fournit guère, pour prendre de la hauteur et savoir faire un mea culpa au lieu de rechercher des boucs émissaires. Connaît-on vraiment la responsabilité des élites antillaises dans les mauvaises performances du système économique en Guadeloupe et Martinique ?
La Guadeloupe, département français d’outre-mer dont l’économie est déjà en régression, est à l’aube d’une transformation majeure tout comme son île sœur la Martinique. La révolution technologique de l’intelligence artificielle (IA) n’épargnera aucune région du monde, et la Guadeloupe et la Martinique devront s’adapter pour faire face aux défis et opportunités qui en découlent. Pour résister aux futurs dommages collatéraux, il est impératif de repenser rapidement le modèle de développement économique de nos îles des Antilles françaises. Cette transition pose la problématique de passer d’un modèle économique basé sur la consommation à un nouveau modèle productif, plus résilient et adapté aux exigences du 21e siècle. Aimé Césaire, écrivain martiniquais de renom, avait déjà anticipé ces enjeux lors d’une rencontre avec le président François Mitterrand en 1985. Dans son discours, Césaire soulignait l’importance de sortir de la condition d’éternelle protégée et de perpétuel assisté par le travail productif et créateur. Il appelait à une réforme économique accompagnant au préalable la réforme institutionnelle, insistant d’une part sur la nécessité d’un moratoire sur l’autonomie, mais également d’autre part sur la nécessité de rénover les rapports commerciaux encore imprégnés des séquelles du passé colonial.
— Par Jean-Marie Nol, économiste —
Depuis son arrivée à l’Élysée en 2017, Emmanuel Macron a constamment cherché à réinventer le paysage politique français et à mettre au pas les « gaulois réfractaires « .
Pour les élus Guadeloupéens et Martiniquais engagés dans un processus d’autonomie, les concepts d’hybridation culturelle et de créolisation offrent des cadres théoriques pour penser et valoriser l’identité antillaise. Mais quid alors de l’importance des mécanismes économiques dans le processus d’évolution des consciences ? En mettant en avant la richesse et la diversité culturelle de la Guadeloupe et de la Martinique, ces concepts permettent de construire une identité nationale qui soit inclusive et dynamique, reflétant les multiples influences historiques et culturelles qui ont façonné l’île. l’hybridation, en particulier, peut servir de modèle de résilience et d’innovation culturelle. En reconnaissant et en célébrant la capacité des Guadeloupéens et Martiniquais à transformer des éléments disparates en une culture unique et vivante, les élus peuvent promouvoir une vision d’autonomie fondée sur la créativité et la résistance historique. Cela peut renforcer le sentiment de fierté et de solidarité parmi les citoyens, tout en mettant en avant la spécificité de l’expérience d’émancipation dans le contexte global de décolonisation des esprits. Ces thématiques permettent également de situer certes le processus d’autonomie politique dans une perspective de décolonisation, mais pas d’émancipation économique.
— Par Jean-Marie Nol, économiste —
— Par Jean-Marie Nol, économiste —
— Par Jean-Marie Nol, économiste —
Depuis le 9 juin et la dissolution de l’Assemblée nationale, le monde de la politique frissonne d’inquiétude et le monde économique est plongé dans un très grand malaise. Le président Emmanuel Macron a récemment exprimé ses préoccupations concernant la montée des extrêmes en France, allant jusqu’à évoquer la possibilité d’une guerre civile. Dans plusieurs interviews et podcasts, le chef de l’État a mis en garde contre une prise de pouvoir par l’Assemblée nationale par les partis extrémistes, soulignant les risques d’une fracture profonde de la société française en déficit d’autorité. La notion d’autorité s’imposera qu’on le veuille ou non comme le fil conducteur de la recomposition politique de la société française pour plusieurs raisons fondamentales : L’érosion de l’autorité est manifeste dans plusieurs sphères de la société française. Dans les familles, les parents éprouvent des difficultés à exercer leur autorité face à des enfants influencés par les médias et les nouvelles technologies. Dans les écoles, les enseignants luttent pour maintenir la discipline et l’engagement des élèves. Dans le monde du travail, la relation entre employeurs et employés est souvent marquée par un manque de respect et de reconnaissance.
— Par Jean-Marie Nol, économiste —
Un entrelacs est un ornement composé de motifs entrelacés, dont les lignes s’entrecroisent.. Et en terme de pratique politique, c’est la préfiguration d’un entremêlement des anciennes idéologies politiques. Pourquoi cette confusion ?
Vu la gravité de la situation actuelle en France, il s’avère indispensable et essentiel d’avoir une vue d’ensemble pour avoir une longueur d’avance sur la réflexion. La meilleure façon d’appréhender les problèmes à leur juste mesure est de prendre du recul et d’y réfléchir de manière critique. Quelle est la cause du problème de la France ? Quelles sont les solutions possibles face à l’impasse probable ?
— Par Jean-Marie Nol, économiste —
Emmanuel Macron, élu président de la République française en 2017, a rapidement suscité des réactions contrastées parmi les Français. Si certains voyaient en lui un réformateur capable de moderniser la France, d’autres étaient sceptiques, voire hostiles, à son égard. Cette impopularité s’est accentuée avec le temps, en particulier lors de la crise des Gilets Jaunes, marquée par des manifestations violentes et des critiques virulentes à son encontre. Notre présente analyse totalement inédite retrace les moments clés qui ont contribué à l’impopularité de Macron et l’origine de la banalisation orchestrée de l’extrême-droite en France. Mais tout d’abord il faut examiner les réactions qu’il a suscitées au sein de la population française à l’origine de son ire et de son courroux qui explique en partie les actuels évènements potentiellement destructeurs pour les français. Dès le début de son mandat, Emmanuel Macron a été critiqué pour ses déclarations jugées déconnectées de la réalité des Français. Ses « petites phrases », souvent perçues comme arrogantes ou méprisantes, ont alimenté le ressentiment.Parmi les plus célèbres : »Je traverse la rue et je vous trouve un emploi » : Lors d’une rencontre avec un jeune chômeur, Macron suggéra que trouver un emploi était facile, s’il suffisait de chercher.
— Par Jean Marie Nol, économiste —
— Par Jean-Marie-Nol, économiste —