— Par Roland Sabra —
Ne chantez pas la Mort, c’est un sujet morbide
Le mot seul jette un froid, aussitôt qu’il est dit
Les gens du show-business vous prédiront le bide
C’est un sujet tabou… Pour poète maudit
La Mort… La Mort…
Je la chante et, dès lors, miracle des voyelles
Il semble que la Mort est la sœur de l’amour
La Mort qui nous attend, l’amour que l’on appelle
Et si lui ne vient pas, elle viendra toujours
La Mort… La Mort…
Jean-Roger Caussimon
A l’entrée dans la salle, la scène est close, laissant dépasser en bordure quelques miniatures de tombes. En sourdine des chants, des mots, des cris, fusent par instant, incompréhensibles, et quand le rideau se lève il découvre une atmosphère de brumes nocturnes dans laquelle se noient quelques sépultures ornées de gigantesques croix papistes plus ou moins tordues au milieu desquelles on finit par apercevoir un pauvre bougre dépenaillé, armé d’une pelle, fossoyeur supposé, qui se terre et qui soliloque. Il est, Jean-Simon Brutus, une figure de Baron Samedi, à l’origine avec son épouse, Dame Brigitte, de la famille des Guédé, ces incarnations des esprits de la mort dans le vaudou haïtien.