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Au TNB, La vie est une fête, par la troupe Les Chiens de Navarre

– par Janine Bailly –

Comment dire par le burlesque les dysfonctionnements du monde.

Ils sont sept, prompts à se métamorphoser, à endosser des habits et des rôles différents, mais leur énergie communicative, leur fougue et leur jeu débridé sont tels que, le spectacle fini, ils nous sembleront avoir passé au crible de leur humour, iconoclaste et dévastateur, notre société tout entière !

Nous prenons place sur les gradins et sommes d’emblée partie prenante du spectacle, déjà en cours. Nous voici députés lors d’une séance houleuse de l’Assemblée Nationale, entraînés, par une partie des comédiens positionnés dans la salle, à applaudir comme à huer, interpellés par le Président juché sur son perchoir au-devant d’un rideau rouge qui derrière lui ferme l’espace. Levons le doigt si nous sommes de gauche, levons le doigt si nous avouons être de droite ! Un jeu avec la salle, qui s’y prête volontiers. Aux micros se succèdent les intervenants, députés ou ministres, qui débattent sur le sujet à l’ordre du jour, à savoir si l’âge de la retraite doit être porté à 72 ans ! Entre arguments plus ou moins ridicules et spécieux, mais clairement entendus, et cacophonie des voix qui se mélangent, la séance joyeusement parodique tourne au pugilat, à l’invective, sous les vains rappels à l’ordre d’un Président débordé !

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Que vive l’humour vache !

La chronique théâtrale de Jean-Pierre Léonardini

chiens_de_navarre(c) P. Lebruman

Les Chiens de Navarre ne respectent rien, sinon la scène, conçue comme le lieu d’élection du saccage des souverains poncifs qui gèrent le fameux « vivre ensemble ». Leur troupe, née en 2005, pratique la création collective, la mise en scène incombant à Jean-Christophe Meurisse. Ils s’offrent un petit festival au Rond-Point, avec Une raclette, Regarde le lustre et articule et Nous avons les machines (1). Une raclette, ça commence pleins feux. Ils sont cinq autour d’une table. Plus ou moins emperruqués, ils picolent en picorant des cacahuètes et se foutent de la gueule du monde, soit du cher public. C’est déjà drôle, même si un léger frisson vous parcourt. Et s’ils allaient me prendre comme tête de turc ? C’est avec eux le risque. Ils ne s’épargnent pas, vous allez voir. Pourquoi nous ménageraient-ils ? Deux sont arrivés en retard. De vannes en calembours, on attaque une pendaison de crémaillère, lors d’une soirée entre voisins. On débite des platitudes, on parle du syndic, de la nourriture bio, des méfaits du tabac, etc.

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