L’île des ombres / L’île du conflit
J’étais là, seul, sur cette plage déserte, assis sur le sable blanc de mon Île natale. Mon regard essayait en vain de capturer l’étendue d’un bleu azur de la Mer des Caraïbes qui semblait envahir tout l’horizon. Un soleil ardent m’authoctonisait la peau et même mes yeux, mais mon âme était bien loin de mon corps, je ne ressentais rien, j’étais ébahi, dans une transe qui me paralysait. Comment un paradis terrestre avec une nature si riche peut-être si destructive? Qu’est-il arrivé à ce peuple qui a pu causer cette cassure socio-politique? Tout d’un coup, au coin de mon oeil, je vis un petit lézard vert qui me regardait. C’est alors que j’ai repris mes sens, et que j’ai éprouvé un malaise. Je mis mon chapeau de paille sur la tête et me mis à boire de l’eau. Le petit lézard s’approcha de moi sans aucune crainte, je me baissai, en lui offrant ma main, et il sauta dessus. Je me redressai, et lui parlai tout bas. Il me regardait déconcerté essayant de comprendre ce que je disais.
Étiquette : Jean-Bernard Bayard
Littératures
Autres petites histoires fantaisistes, de Jean-Bernard Bayard
« L’Inondation »
Nous étions à peine arrivés quand un homme sortait de la maison. Il fut conduit à mon père après avoir été appréhendé. Entouré de cinq soldats armés, on lui demanda d’expliquer pourquoi il sortait de la maison quand nous n’y étions pas. Sa narration simple et concise semblait être invraisemblabe et ahurissante. La pluie torrentielle de la veille avait causé le débordement de la ravine à Camp-Perrin et il a dû prendre refuge pour ne pas être emporté par l’inondation. Même votre maison mon colonel a été inondée, si ce n’était pas pour l’étage supérieur, je ne serais pas là à vous parler. Je me suis couché des heures au-dessus d’une armoire espérant que l’eau ne m’y atteindrait pas. Au même moment, le sergent de service entra avec un visage figé de peur. « Mon commandant » s’adressant à mon père, » Il faudra retourner aux Cayes tout de suite! » « Expliquez-vous! » répondit mon père. En réalité, l’homme disait la vérité, la maison était inhabitable, elle était complètement couverte d’une marre de boue jusqu’au haut de l’escalier.
Littératures
Trois petites histoires fantaisistes de Jean-Bernard Bayard
— Par Jean-Bernard Bayard —
La pêche campagnarde
Nous passions des vacances à notre maison de campagne. Il faisait frisquet en ce matin d’automne; il y avait un brouillard que le soleil n’avait pas encore pu dissiper. Nous étions tous les quatre d’avides fanatiques de la pêche; et nous étions dans une barque, au milieu du lac qui se trouvait à peine à deux kilomètres de la maison. Les arbres autour du lac avaient perdu tout leur feuillage, et pour nous tenir chauds, nous portions nos parkas ainsi que des gants doublés! De plus,nous avions chacun un grand thermos de café bien chaud.
Pierre avait déjà attrapé une truite et ne s’arrêtait pas de vanter ses dons de pêcheur. Après une heure sur l’eau, nous entendîmes comme un bruit sourd qui provenait du fond du lac. C’était d’abord un bourdonnement qui, au fur et à mesure, devenait assourdissant. Nous décidâmes alors de quitter les lieux. L’eau était en ébullition quand nous atteignîmes la rive; nous étions tous effrayés, nous ne comprenions pas le phénomène. Tout d’un coup, au milieu de grandes vagues sortit un engin lumineux, circulaire, qui, à nos yeux, avait tout d’une soucoupe volante.