— par Janine Bailly —
Caroline Guiela Nguyen : « À travers une histoire contemporaine des larmes, nous menons une réflexion sur les émotions humaines et leurs expressions à notre époque .»
Que dans Saigon, elle remonte le cours du temps vers le passé colonial du pays de ses origines, que dans Fraternité, elle nous projette dans un futur dystopique, Caroline Guiela Nguyen, voyageant dans l’espace et le temps, toujours se penche sur notre humanité souffrante, pour dire qu’au-delà des drames et des larmes se tissent entre les êtres d’indéfectibles liens. Attentive à ceux que par habitude ou indifférence on oublie de voir et voudrait tenir dans l’ombre, elle revendique un théâtre de l’émotion, à la fois engagé et poétique, mais qu’aucun didactisme ne vient entacher. Parce qu’on la sent sincère, que tout dans ses propositions respire l’authenticité, on croit à ce qu’elle nous montre, autant que l’on entre en empathie avec ses personnages – des personnages que l’on se plaît plutôt à identifier comme des personnes réelles, car si peu fictifs !
Réunissant sur scène, dans l’esprit de Vilar ou encore à la façon du Théâtre du Peuple de Bussang, comédiens professionnels et amateurs, donnant à entendre les diverses langues des pays traversés – et l’on appréciera que par le biais de la traduction l’une des comédiennes nous permette d’entendre et “comprendre” le tamoul –, Caroline Guiela Nguyen nous plonge avec Lacrima, qui à l’été 2024 fit naître l’émotion au Festival d’Avignon, au cœur du monde de la haute couture.