— Par Roland Sabra —
Le travail présenté à Fond Saint-Jacques est le fruit d’une résidence de création du « Collectif de l’Âtre » à partir du roman de Fabienne Kanor « Humus ». La romancière a souvent expliqué l’origine de son opus. « C’est à Gorée, en visitant une exposition consacrée aux révoltes d’esclave dans la maison des esclaves que le thème s’est imposé à moi. En fait, une phrase a retenu mon attention : « Il se serait jeté de dessus la dunette quatorze femmes toutes ensemble dans un même mouvement ». Cette « anecdote » m’a profondément bouleversée. Par quel mystère des femmes, qui pour certaines n’avaient jamais pris la mer et qui peut-être ne se connaissaient pas, avaient-elles pris le parti de sauter, de préférer la mort plutôt que l’esclavage ? » Au delà d’un énième retour sur le thème de la blesse Fabienne Kanor fait le choix de donner parole à cette souffrance inapaisable à travers des dialogues imaginés entre les femmes qui vont bientôt se jeter à la mer. Elle le fait dans un style très écrit et tiré vers l’oraliture.