— Par Dominique Daeschler —
Ces deux-là n’iront pas planter des choux mais continuent depuis presque un demi-siècle de nous entraîner dans les chemins de l’irrévérence, de la provocation, de la fantaisie débridée, nourries d’un solide bagage théâtral et littéraire.
Entrons dans ce pari d’une nuit unique , sept heures de jeu de 22h30 à 5h30 du matin où les spectateurs sont couchés sur de la palle ,de préférence dans une grande salle style palais des congrès, de chaque côté d’une aire de jeu au sol, route, piste d’atterrissage… Les spectateurs dorment, se réveillent, entourés de comédiens -comédiennes, chanteurs-chanteuses qui sont à la fois garde rapprochée et troupe. Hervée et Jacques nous convoquent dans leurs vies, sans cabotiner ou resasser. Ils racontent l’intime : l’enfance à Hanoï pour l’une et le voyage de retour et de redécouverte, la famille juive décimée dans les camps, cachée pour l’autre. Il y a des passages cousus au petit point, d’autres faufilés, des déchirures et des secrets éclatés dans un déroulé théâtral éblouissant par son savoir-faire donnant parfaitement l’illusion de la simplicité pour accentuer le donné.