— Par Roland Sabra —
A travers l’histoire d’une famille composée, décomposée, recomposée entre Vietnam et Martinique Arlette Pacquit fait émerger une histoire douloureuse, enfouie au fin fond des mémoires : celle des couples mixtes caribéo-annamites nés lors de la guerre d’Indochine. Certains dissidents, ces jeunes martiniquais qui avaient répondu à l’appel du 18 juin, une fois la seconde guerre mondiale terminée se sont retrouvés embarqués dans les dernières guerres coloniales menées par les gouvernements français. D’autres se sont engagés à la fin des années quarante. Par choix ? Par inconscience ? Tous n’avaient pas l’envergure d’un Frantz Fanon. Qui pourrait leur en faire le reproche ?
Des couples se sont formés, ballottés par les événements militaires et politiques, la débâcle de Diên Biên Phu et la première indépendance du Vietnam, le rapatriement chaotique des débris de l’armée française. A l’écran l’histoire d’une de ces familles partagée entre Hanoï, le Robert et Le Morne Rouge dit la douleur de l’absence de ceux dont elle est séparée, mais aussi la douleur de l’ostracisme, la douleur xénophobe qui s’est abattue sur elle, ici et la-bas.