Étiquette : Hélène Lemoine

Agnès Brézéphin : l’art comme chemin de guérison et de mémoire

Prix Léopold Sédar Senghor à la Biennale 2024 de Dakar.

— Par Hélène Lemoine —

Agnès Brézéphin, artiste martiniquaise, a récemment marqué la Biennale de Dakar 2024 par une installation bouleversante intitulée Cabinet de curiosités – Chambre des merveilles : « Au fil(s) de soi(e) ». Lauréate du prix Léopold Sédar Senghor, cette œuvre puissante explore des thématiques profondes telles que l’inceste et la guérison, tout en rendant hommage à la résilience humaine. À travers son travail, l’artiste tisse un lien entre souffrance et beauté, et entre mémoire personnelle et histoire collective.

Une installation poignante : la souffrance transformée en art

Au cœur de cette installation, un lit, symbole de traumatisme, se trouve entouré de divers artefacts symboliques. Des cocons de soie, des perles de haute couture, des grenades représentant la fertilité, et un édredon d’enfance, sont tous reliés par des fils de soie qui s’entrelacent autour du corps de l’artiste. Pour Agnès Brézéphin, ce lit représente le lieu de la douleur, celui où elle a vécu l’inceste pendant 15 longues années, mais aussi l’espace où se joue la guérison.

→   Lire Plus

« L’affaire Dussaert » : une réflexion déconcertante sur l’art contemporain et ses dérives

Jeudi 28, Vendredi 29 Samedi 30 novembre à 19h30 au T.A.C.

Le théâtre a toujours été un lieu où la réalité se mêle à l’imaginaire, où les illusions prennent forme pour interroger notre compréhension du monde. Mais quand ces illusions se transforment en contre-vérités, que reste-t-il de notre capacité à penser ? Cette question, fondamentale pour l’art et le théâtre, est soulevée par Jacques Mougenot dans L’affaire Dussaert, une conférence théâtrale qui plonge le public dans les profondeurs d’un scandale artistique où le vide devient une œuvre.

À travers cette performance, Mougenot nous entraîne dans l’histoire d’un peintre français, Philippe Dussaert, dont l’œuvre a fait basculer le monde de l’art contemporain. Dussaert, ce créateur du « vacuisme », un mouvement artistique aussi énigmatique que son nom, a choisi de repousser les frontières de l’art traditionnel en sculptant le vide, en peignant l’absence. Un geste radical, qui a secoué les certitudes du marché de l’art et des institutions culturelles, au point de menacer les fondements mêmes du système artistique.

En nous présentant l’affaire Dussaert, Mougenot s’attaque à la vacuité du discours sur l’art contemporain.

→   Lire Plus

« Miséricorde » : les échos du désir et de la perte

— Par Hélène Lemoine —
Dans Miséricorde, Alain Guiraudie livre une œuvre subtile et déstabilisante, un conte macabre où se croisent le désir, la mort et la solitude, dans un décor à la fois intime et oppressant. Le film, adapté d’un segment de son roman Rabalaïre, nous plonge dans un village perdu, où les corps et les désirs s’entrelacent et se confondent, dans une tension palpable entre l’envie de posséder et la crainte de perdre.

L’histoire commence dans l’automne moite de Saint Martial, où Jérémie, boulanger trentenaire venu de Toulouse, revient pour l’enterrement de son ancien patron. Ce retour, apparemment anodin, réveille de vieilles blessures et des désirs enfouis. Hébergé par la veuve du défunt, Martine (Catherine Frot), Jérémie se retrouve au cœur d’un triangle de relations complexes. Le fils de la défunte, Vincent (Jean-Baptiste Durand), voit d’un mauvais œil la présence de son ancien ami d’enfance, qu’il soupçonne de vouloir séduire sa mère. La tension entre eux s’intensifie, accentuée par l’ombre du désir refoulé de Jérémie pour plusieurs des habitants du village.

Guiraudie s’appuie sur l’archétype du village comme espace clos et figé, où les personnages, tout en répondant à des rôles familiers – la veuve, le fils jaloux, le curé dévoué –, se singularisent par leurs jeux de désir et de possession.

→   Lire Plus

« Le Chaos qui vient », de Peter Turchin

 Élites, contre-élites, et la voie de la désintégration politique.

Dans Le Chaos qui vient, Peter Turchin, historien et chercheur en sciences sociales, livre une analyse percutante des mécanismes qui conduisent à la désintégration politique des sociétés. S’appuyant sur plus de 10 000 ans d’histoire et l’étude de plus de 700 sociétés, de l’Égypte ancienne à l’Amérique contemporaine, il interroge les causes profondes des effondrements politiques et sociaux, et propose une réflexion audacieuse sur la fragilité des systèmes démocratiques contemporains.

Une analyse transhistorique des crises sociales

Peter Turchin adopte une approche unique, combinant les données historiques et les tendances sociales à court terme pour démontrer que les sociétés, qu’elles soient anciennes ou modernes, suivent des schémas récurrents dans leurs dynamiques de pouvoir. En analysant l’équilibre entre les élites dirigeantes et les masses populaires, il fait ressortir un facteur clé de l’instabilité : l’inégalité croissante et la surproduction d’élites. Lorsque le fossé se creuse trop entre les classes sociales, que les élites s’enrichissent toujours plus tandis que les populations se paupérisent, la société se trouve en situation de crise, entraînant souvent des turbulences politiques, des révoltes populaires et, dans les cas les plus extrêmes, des guerres civiles.

→   Lire Plus

La mort de Gustavo Gutiérrez, fondateur de la théologie de la libération et défenseur des opprimés

— Par Hélène Lemoine —

Gustavo Gutiérrez Merino, prêtre, philosophe et théologien péruvien, est une figure majeure du christianisme latino-américain et mondial pour avoir initié la théologie de la libération, un courant fondé sur la justice sociale et l’émancipation des pauvres. Il nait en 1928 à Lima où il meurt le 22 octobre 2024. Ordonné prêtre en 1959, il se tourne rapidement vers des études de philosophie, de psychologie et de théologie, notamment en Belgique et en France. De retour au Pérou, il œuvre dans une paroisse de Lima, auprès des plus démunis, et enseigne à l’université catholique du Pérou. Ce contact direct avec la pauvreté et l’injustice sociale sera déterminant dans l’élaboration de sa théologie.

En 1968, Gutiérrez présente pour la première fois l’expression « théologie de la libération » lors du congrès du Conseil épiscopal latino-américain (CELAM) à Medellín, en Colombie. Cette théologie est formellement développée dans son ouvrage majeur, Théologie de la libération : perspectives (1971), traduit en une vingtaine de langues. Ce livre, véritable manifeste, appelle l’Église à s’engager pour une justice sociale radicale et propose une lecture de la foi chrétienne qui place les opprimés au centre de la mission ecclésiale.

→   Lire Plus

Sérgio Mendes : Légende de la Bossa Nova et pionnier de la musique mondiale

— Par Hélène Lemoine —

Sérgio Santos Mendes, né le 11 février 1941 à Niterói, dans l’État de Rio de Janeiro, et décédé le 6 septembre 2024 à Los Angeles, restera l’une des figures les plus marquantes de la musique brésilienne et internationale. Pianiste, compositeur et arrangeur de génie, Mendes a non seulement contribué à l’exportation de la bossa nova hors des frontières du Brésil, mais il a également su fusionner cette musique aux rythmes latins avec le jazz et la pop, créant un style musical unique qui a traversé les générations.

Les débuts au Brésil

Sérgio Mendes grandit à Niterói, au Brésil, dans une famille où son père est médecin. Très jeune, il se passionne pour le piano, qu’il étudie au conservatoire local avec l’objectif de devenir pianiste classique. Cependant, c’est la découverte du jazz qui le pousse vers d’autres horizons musicaux. Il commence à se produire dans les boîtes de nuit de Rio de Janeiro à la fin des années 1950, au moment où la bossa nova, un nouveau genre musical brésilien, voit le jour. Influencé par des artistes comme Antônio Carlos Jobim, son mentor, et João Gilberto, Mendes s’immerge dans ce mouvement, jouant régulièrement au Little Club, un lieu emblématique de la Beco das Garrafas, l’épicentre de la bossa nova à Rio.

→   Lire Plus

Henri Leclerc : Le combat inlassable d’un défenseur des libertés

— Par Hélène Lemoine —

Henri Leclerc, figure emblématique du barreau français, s’est éteint le 31 août 2024, à l’âge de 90 ans, après une carrière de près de soixante-dix ans. Avocat des causes difficiles, défenseur infatigable des droits et des libertés individuelles, Leclerc a marqué son époque par son engagement sans faille pour la justice et son opposition à toutes les formes d’oppression. Sa disparition représente une perte immense pour le monde juridique, mais aussi pour tous ceux qui, au cours de sa longue carrière, ont trouvé en lui un allié dans leurs combats.

Né en 1934, Henri Leclerc a grandi dans une France marquée par les séquelles de la Seconde Guerre mondiale et par les soubresauts politiques qui ont suivi. C’est à l’âge de 11 ans qu’il assiste, presque par hasard, au procès de Pierre Laval, événement fondateur qui marquera profondément son existence. Laval, ancien chef du gouvernement de Vichy, était jugé pour sa collaboration avec l’occupant nazi. Le procès, expéditif et brutal, se conclut par une condamnation à mort que Leclerc perçoit, même enfant, comme une parodie de justice.

→   Lire Plus

Il y 110 ans l’assassinat de Jean Jaurès

Martyr pour la paix et le socialisme

— Par Hélène Lemoine —

Le 31 juillet 1914, à 21 h 40, Jean Jaurès, directeur du journal L’Humanité et figure emblématique du socialisme français, est assassiné au Café du Croissant à Paris, à proximité du siège de son journal. Ce drame survient alors que Jaurès s’apprêtait à rédiger un article décisif pour la paix, dans un contexte international de plus en plus tendu. Gilles Candar, président de la Société d’études jaurésiennes, revient sur cet événement historique.

Jaurès, âgé de 54 ans, était un ardent défenseur de la paix et luttait depuis des années contre la perspective d’une guerre européenne. Sa mort, à la veille du déclenchement de la Première Guerre mondiale, marque la fin de ses efforts pour empêcher le conflit armé. Son assassin, Raoul Villain, un étudiant nationaliste de 29 ans, l’abat de deux coups de feu, mettant un terme à une vie dédiée à la cause socialiste et pacifiste.

Depuis des années, Jaurès avait fait de la lutte contre la guerre sa priorité, intervenant dans les congrès, à la Chambre des députés et dans la presse.

→   Lire Plus

Les agents de la fonction publique : victimes d’atteintes et de sentiments d’insécurité

Les femmes subissent 61% des atteintes, alors qu’elles représentent 64% des effectifs de la fonction publique, selon une étude de la Direction générale de l’administration et de la fonction publique.

Les agents de la fonction publique se trouvent plus souvent victimes d’atteintes à la personne que leurs homologues du secteur privé. En 2021, 14 % des agents publics ont rapporté avoir subi des violences telles que des injures, des menaces ou du harcèlement moral, contre 12 % des salariés du privé. Cette différence s’explique par une exposition professionnelle plus forte des agents publics : 45 % des atteintes signalées par les agents publics ont lieu dans le cadre professionnel, contre 33 % pour les salariés du privé.

Types d’atteintes et profils des victimes

Les injures sont les atteintes les plus fréquentes pour les agents publics (6 %), suivies du harcèlement moral (5 %), des menaces et des discriminations. Les violences physiques, bien que moins fréquentes (1 %), se produisent majoritairement sur le lieu de travail pour les agents publics (59 % des cas), par opposition à 19 % pour les salariés du privé.

→   Lire Plus

Michel Foucault : l’intellectuel rebelle

« Michel Foucault, le philosophe et le poisson rouge », de Lise Baron (Fr., 2024, 53 min). Vendredi 21 juin 2024 à 23h42 sur France 5
— Par Hélène Lemoine —
Dans la collection « Rebelles ou l’art de bousculer », nous plongeons dans la vie fascinante de l’un des philosophes les plus influents de la fin du XXe siècle : Michel Foucault. Le documentaire « Michel Foucault, le philosophe et le poisson rouge » diffusé sur France 5 le vendredi 21 juin en troisième partie de soirée, nous offre un voyage inédit à travers l’existence tourmentée et engagée de cet intellectuel hors du commun.

Un voyage inoubliable en Californie

En 1975, Michel Foucault, figure emblématique de la philosophie contemporaine, s’apprête à vivre une expérience marquante en Californie. Avec deux jeunes Américains à ses côtés et du LSD dans la boîte à gants, il part en direction de la Vallée de la Mort. Cette aventure psychédélique illustre la dimension initiatique et pop de son parcours, depuis ses débuts à Poitiers jusqu’au prestigieux Collège de France, en passant par les événements de mai 68 en Tunisie et les luttes pour les droits des prisonniers en France.

→   Lire Plus

Françoise Hardy : une vie en mélodie et en étoiles

— Par Hélène Lemoine —

Une carrière éclectique et talentueuse
Après des années de lutte contre le cancer, la célèbre chanteuse Françoise Hardy s’est éteinte ce mardi à l’âge de 80 ans, a annoncé son fils Thomas Dutronc sur les réseaux sociaux. Icône yéyé et figure incontournable de la pop culture, elle a marqué de son style singulier cinquante ans de musique française.

Françoise Hardy n’aimait pas son premier album, le trouvant désuet. Pourtant, c’est avec ce disque que sa carrière décolle, grâce à la ballade « Tous les garçons et les filles », composée par elle-même, qui conquit le monde entier. Ce morceau incarne la jeune femme romantique et mélancolique, une image qui restera gravée dans les mémoires.
Des Collaborations Prestigieuses et des Expériences Musicales Variées

De Serge Gainsbourg à Patrick Modiano en passant par Michel Berger, Hardy a travaillé avec les plus grands. Elle a exploré divers genres musicaux, du rock avec des enregistrements en Angleterre aux côtés de Jimmy Page et Jeff Beck, à la bossa nova avec l’album « La Question », sans oublier le funk avec « Musique Saoule » en collaboration avec Michel Jonasz.

→   Lire Plus

Les Docs de La grande librairie : Colette

Diffusion : Mercredi 29 mai 2024 à 21h sur France 5

Ce mercredi 29 mai, « Les Docs de La Grande Librairie » consacre son cinquième volet à une figure emblématique de la littérature française : Colette. Réalisé par Catherine Aventurier et Margaux Opinel, ce documentaire inédit propose une exploration profonde et sensible de la vie et de l’œuvre de Colette, l’une des écrivaines les plus appréciées des Français.

Une vie de liberté et de paradoxes

Colette, de son vrai nom Sidonie-Gabrielle Colette, est célèbre pour ses œuvres devenues des classiques, telles que « Claudine à l’école », « Chéri », « Le Blé en herbe » et « Gigi ». Elle a écrit environ soixante ouvrages, plus de deux mille articles de presse et une abondante correspondance couvrant plus d’un demi-siècle. Pourtant, au-delà de son impressionnante production littéraire, Colette incarne une figure de liberté et de paradoxe. Insaisissable et féroce, elle mène sa vie littéraire, artistique et amoureuse en s’affranchissant des conventions et des attentes, forgeant ainsi une trajectoire unique et souvent scandaleuse.

Une émancipation totale des codes

Colette a toujours suivi une seule ligne de conduite : la sienne.

→   Lire Plus

« Emilie Schindler : une liste, une héroïne”, un documentaire d’Annette Baumeister

Lundi 20 mai à 23h45 sur Arte & disponible jusqu’au 18 août 2024

Émilie Schindler : l’héroïne de l’ombre

— Par Hélène Lemoine —

Dans le film de Steven Spielberg de 1993, elle n’apparaît que dans de rares scènes, toujours réduite au rôle d’épouse trompée et délaissée. Ce qu’elle était. Mais pas que. Un documentaire diffusé ce lundi 20 mai au soir à 23h45 sur Arte redonne enfin sa juste place à Émilie Schindler, l’épouse d’Oskar Schindler, connu du grand public grâce au film « La Liste de Schindler ».

L’histoire a retenu que ce dirigeant d’entreprise d’armement à Brünnlitz, dans l’actuelle République tchèque, avait permis le sauvetage de 1 200 juifs des camps de concentration, en les faisant travailler, dans des conditions moins indignes qu’ailleurs, dans son usine. Mais sa femme est restée dans l’ombre alors qu’elle a fait partie intégrante du projet.

« Le film de Spielberg a complètement dépossédé Émilie Schindler de sa version des faits, insiste l’historienne Kirsten Heinsohn, qui intervient dans le documentaire. Ça ne s’est pas passé comme ça. » « Elle était bien plus qu’une simple épouse bafouée », insiste une fille de rescapés de l’Holocauste.

→   Lire Plus

« La Couleur de l’Esclavage », un documentaire de Patrick Baucelin

Une plongée sobre mais profonde dans l’horreur de l’histoire
Le documentaire « La Couleur de l’Esclavage », réalisé par Patrick Baucelin, offre une exploration détaillée et précise de l’horreur de l’esclavage colonial. Avec une durée de 1 heure et 33 minutes, ce film documentaire, à la fois dramatique et historique, révèle les souffrances endurées par des millions de captifs africains pendant plus de quatre siècles.

Entre le XVIe et le XIXe siècle, des milliers de convois transportant entre 300 et 450 captifs africains traversèrent l’océan Atlantique, avec plus d’un million d’entre eux perdant la vie au cours de ce voyage inhumain vers les Antilles. Ce documentaire plonge profondément dans les réalités brutales de l’esclavage colonial, décrivant avec précision les conditions inhumaines à bord des bateaux négriers et la vie quotidienne des esclaves dans les plantations.

Patrick Baucelin, réalisateur martiniquais, a entrepris cette démarche conscient du besoin urgent de témoigner de cette tragédie historique. Son film, autofinancé et tourné en trois ans et demi avec la participation de 222 bénévoles, offre une représentation authentique et détaillée de l’histoire de l’esclavage dans les Caraïbes.

→   Lire Plus

Ali Boulo Santo Cissoko en tournée en Martinique!

Du 18 mai au 29 juin 2024!

Ali Boulo Santo Cissoko, connu sous son nom de naissance Dieourou Cissoko, est un musicien sénégalais né à Thiès en 1974, au sein d’une illustre lignée de griots mandingues. Sa passion pour la kora, héritée de son père Bakary et influencée par son grand-père Soundioulou Cissoko, « le roi de la kora », s’éveille dès son plus jeune âge.

Dès l’âge de 13 ans, il fait ses premiers pas sur la scène internationale en participant au premier festival contre l’Apartheid sur l’île de Gorée, aux côtés de figures emblématiques telles que Mory Kanté, Youssou NDour et Johnny Clegg. Sa rencontre avec le trompettiste de jazz Jimmy Owens lors du tournage du documentaire « Gorée, l’île du Grand-Père » marque le début d’une carrière prometteuse.

Formé au Conservatoire National de Musique de Dakar, Ali Boulo Santo se distingue rapidement comme un virtuose de la kora, devenant Maître de Kora à seulement 18 ans. Au-delà de la kora, il explore également d’autres instruments traditionnels d’Afrique de l’Ouest, enrichissant ainsi son répertoire musical.

Sa contribution la plus marquante à l’évolution de la musique mandingue est sans aucun doute l’introduction de la pédale d’effet sur la kora, une innovation qui lui permet d’explorer de nouveaux horizons sonores.

→   Lire Plus

Alice Munro: une vie en mots

— Par Hélène Lemoine —

Alice Munro, cette nouvelliste de très grand talent, s’est éteinte paisiblement le 13 mai, dans sa maison de Port Hope, en Ontario, à l’âge de 92 ans. Son départ laisse un vide dans le monde littéraire, mais son héritage, lui, demeure pour toujours.

Née Alice Ann Laidlaw le 10 juillet 1931 à Wingham, dans la province de l’Ontario, Munro a su capturer l’essence même de la vie canadienne à travers ses écrits. Elle était une enfant du pays, élevée dans le comté rural de Huron, où chaque recoin semblait être une source d’inspiration inépuisable. Dans ces vastes étendues, où les silences en disaient parfois bien plus long que les mots, elle a puisé les histoires qui ont façonné son œuvre exceptionnelle.

C’est dans ce décor pittoresque, imprégné de neige et de puritanisme, que Munro a forgé son style unique. Ses récits, souvent teintés de mélancolie, dépeignent avec une précision saisissante la vie quotidienne de femmes ordinaires, mais pourtant si extraordinaires dans leur simplicité. À travers elles, elle explorait les méandres de l’âme humaine, dévoilant ses joies, ses peines, ses regrets, et parfois même ses noirceurs les plus profondes.

→   Lire Plus

Le Festival de Cannes : tout un programme!

Du mardi 14 mai au samedi 25 mai 2024

— Par Hélène Lemoine —

Un peu d’histoire

Le Festival de Cannes, incarnation du glamour et de la grandeur cinématographique, s’érige aujourd’hui en un événement culturel d’une importance mondiale incontestable. Sa réputation s’enracine dans une histoire riche, débutant officiellement en 1946, mais dont les prémices remontent à huit ans plus tôt.

En 1938, la Mostra de Venise, première compétition internationale dédiée au cinéma, subit les pressions politiques de l’Allemagne nazie, conduisant à une controverse majeure dans l’attribution des récompenses. Cet épisode déclenche le désir de créer un événement cinématographique libre de toute ingérence politique.

Philippe Erlanger, alors membre du jury français à la Mostra de Venise, envisage dès son retour en France l’organisation d’un festival cinématographique indépendant. Soutenu par des personnalités politiques françaises telles que Jean Zay et Albert Sarraut, le projet prend forme rapidement.

En mai 1939, Cannes est choisie comme ville hôte du festival, succédant à Biarritz, dans un contexte de rivalité avec Venise et d’aspiration à une aura hollywoodienne. Cependant, le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale anéantit les espoirs d’une première édition réussie.

→   Lire Plus

La mort de Paul Auster

— Hélène Lemoine —

Paul Auster, une figure incontournable de la littérature contemporaine, a laissé derrière lui un héritage littéraire aussi riche que diversifié. Né le 3 février 1947 à Newark, New Jersey, il a grandi dans un environnement imprégné de culture et de littérature, façonnant ainsi ses aspirations précoces d’écrivain. C’est à l’adolescence, après avoir été profondément touché par la lecture de « Crime et Châtiment » de Dostoïevski, qu’il découvre sa vocation pour l’écriture, une révélation qui l’accompagnera toute sa vie.

Durant ses années d’études à Columbia University dans les années 1960, Auster s’immerge dans les littératures française, anglaise et italienne, élargissant ainsi son champ de connaissances et nourrissant son esprit d’une diversité culturelle précieuse. Parallèlement, sa passion pour le baseball, héritage familial, se mêle intimement à sa vie intellectuelle, créant un équilibre entre deux univers qui, en apparence, pourraient sembler inconciliables, mais qui se rejoignent dans l’expression de sa sensibilité artistique.

Paris devient ensuite le théâtre de sa vie et de son épanouissement artistique entre 1971 et 1974. Là, il se plonge dans la traduction d’œuvres majeures de la littérature française, nourrissant son esprit de la richesse et de la profondeur des mots des grands auteurs français.

→   Lire Plus

Trois artistes martiniquais nommés à la cérémonie des Flammes 2024

Jeudi 25 avril au Théâtre du Châtelet
— Par Hélène Lemoine —

La deuxième édition des Flammes, également connue sous le nom de Flammes Awards, s’annonce comme un événement incontournable dans le paysage musical français. Célébrant les cultures urbaines, cette cérémonie prestigieuse récompense les artistes, producteurs et compositeurs évoluant dans les sphères du rap, du R&B et de la nouvelle pop. Elle vise à combler un vide dans le paysage des récompenses musicales françaises en offrant une vitrine aux talents souvent sous-représentés dans les grands médias et les cérémonies traditionnelles.

Initiée en 2023 par les médias de culture populaire Yard et Booska-P, en partenariat avec Spotify, cette cérémonie a rapidement suscité l’intérêt et l’enthousiasme des amateurs de musique urbaine. Elle s’est imposée comme un rendez-vous annuel incontournable, attirant l’attention des artistes, des fans et des acteurs de l’industrie musicale.

La Martinique, haut lieu de la culture caribéenne, se distingue une fois de plus avec dix pré-nommés pour cette édition. Parmi eux, trois artistes émergent avec des nominations significatives. Kalash, originaire de la Martinique mais ayant grandi à Strasbourg, a marqué les esprits avec ses sonorités uniques mêlant reggae, dancehall et rap.

→   Lire Plus

« Jérôme Bel par … » en version 972

Jeudi 11 avril / 19h30 / Tropiques-Atrium

— Par Hélène Lemoine —

Dans « Jérôme Bel par Jérôme Bel », le célèbre danseur et chorégraphe français nous plonge dans l’intimité de sa vie artistique et personnelle. Né le 14 octobre 1964 à Montpellier, Bel découvre sa passion pour la danse contemporaine lors du Festival d’Avignon en 1983, où il est profondément marqué par les œuvres de Pina Bausch et Anne Teresa De Keersmaeker. Cette rencontre avec la scène le pousse à étudier la danse au CNDC d’Angers, de 1984 à 1985.

Sa carrière, à la fois riche et diversifiée, témoigne de sa créativité et de son audace. En tant que danseur, il collabore avec de grands chorégraphes en France et en Italie avant de se lancer dans la chorégraphie lui-même. Son approche minimaliste, provocatrice et ludique remet en question les conventions du spectacle. Des pièces telles que « Nom donné par l’auteur » ou « Jérôme Bel » explorent des concepts novateurs, tandis que « The Show Must Go On » réunit vingt interprètes sur scène, dans une fusion audacieuse de chansons pop et de mouvements contemporains.

→   Lire Plus

Violences sexuelles : 86 % de classements sans suite

— Par Hélène Lemoine —

Dans son étude minutieuse sur le traitement judiciaire des violences sexuelles et conjugales en France, Maëlle Stricot, doctorante à l’Ecole d’économie de Paris et affiliée à l’Institut des politiques publiques, présente une analyse exhaustive, mettant en lumière des données essentielles pour une meilleure compréhension de ces problématiques complexes et urgentes. En se basant sur des données administratives couvrant la période de 2012 à 2021, cette recherche offre un regard approfondi sur les tendances, les défis et les évolutions dans la réponse judiciaire à ces formes de violence.

Malgré l’élan de prise de conscience généré par le mouvement #MeToo en 2017, les violences faites aux femmes demeurent une réalité alarmante dans la société française. L’analyse révèle que, bien que le nombre d’affaires portées devant la justice ait augmenté au fil des ans, le taux de classement sans suite demeure élevé, touchant 86% des cas de violences sexuelles et 72% des cas de violences conjugales. Ce constat soulève des questions sur l’efficacité du système judiciaire dans la protection des victimes et la lutte contre ces crimes.

Une exploration plus approfondie révèle que ces classements sans suite sont souvent attribués à un manque de preuves suffisantes pour caractériser l’infraction, plutôt qu’à l’incapacité à identifier les auteurs.

→   Lire Plus

Cannabis — Une enquête de Mathieu Kassovitz et Antoine Robin

Mardi 2 avril à 21.05 sur France 5

— Par Hélène Lemoine —

Le documentaire « Cannabis », réalisé par Mathieu Kassovitz en collaboration avec Antoine Robin, se présente comme une exploration approfondie et nuancée de la question complexe du cannabis, une substance omniprésente dans la société contemporaine. En se concentrant sur la France, où la consommation de cannabis est élevée malgré une législation répressive, les réalisateurs élargissent leur champ d’investigation à plusieurs pays qui ont fait le choix de légaliser cette drogue, notamment le Canada, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Thaïlande, le Maroc et l’Espagne.

Le documentaire commence par mettre en évidence le paradoxe français : bien que la loi soit particulièrement sévère envers l’usage et la possession de cannabis, la France compte le plus grand nombre de consommateurs en Europe, avec plus de six millions de personnes, dont un tiers ont moins de 25 ans. Cette situation soulève des questions essentielles sur l’efficacité de la politique répressive et sur la pertinence de cette approche face à un phénomène de consommation si répandu.

Pour mieux comprendre les enjeux entourant le cannabis, Kassovitz et Robin ont entrepris un périple à travers différents pays, rencontrant une multitude d’acteurs impliqués dans cette problématique.

→   Lire Plus

Le Christ : à quoi ressemblait-il?

— Par Hélène Lemoine —

Le débat sur l’origine ethnique et l’apparence de Jésus est un sujet complexe qui suscite un intérêt soutenu depuis les débuts du christianisme. Malgré l’absence de descriptions physiques explicites dans les écritures du Nouveau Testament avant sa crucifixion, l’image de Jésus et son origine ethnique ont été largement discutées et interprétées à travers les âges. Cette question soulève des enjeux théologiques, historiques, artistiques et socioculturels qui méritent une analyse approfondie.

Selon les récits bibliques, Jésus est né à Bethléem en Judée, une région de l’actuelle Cisjordanie, ce qui suggère une origine ethnique moyen-orientale typique de l’époque. Cependant, les représentations traditionnelles de Jésus, largement répandues dans l’art occidental, le dépeignent souvent comme un homme blanc aux traits européens, ce qui soulève des questions sur l’exactitude historique de ces images.

Au fil des siècles, des théories diverses ont été avancées pour tenter de déterminer l’origine ethnique de Jésus. Au Moyen Âge, certains documents prétendument détaillant l’apparence de Jésus circulaient, mais beaucoup d’entre eux sont aujourd’hui considérés comme des faux. Des arguments théologiques ont également été avancés, certains affirmant que Jésus devait incarner une beauté idéale, tandis que d’autres soulignaient son humanité et son humble origine.

→   Lire Plus

« À un endroit du début » : Un voyage intime à travers les racines et les révolutions

Vendredi 22 mars à 19h30 à Tropiques-Atrium

— Par Hélène Lemoine —

Dans le spectacle captivant « À un endroit du début », Germaine Acogny, pionnière de la danse africaine contemporaine, invite le public à un voyage profondément personnel à travers ses racines, ses révolutions et ses identités plurielles. Accompagnée par le metteur en scène talentueux Mikaël Serre, Acogny transcende les frontières de la danse, du théâtre et du cinéma pour révéler une histoire aussi captivante que révélatrice.

Dès les premières lignes, le spectateur est plongé dans l’univers complexe et envoûtant de Germaine Acogny. Fille d’un fonctionnaire colonial et petite-fille d’une prêtresse Yoruba, elle explore les intersections de sa propre histoire avec celle de l’Afrique tout entière. À travers une chorégraphie émouvante, des récits intimes et des projections visuelles, Acogny dessine le portrait d’une femme en quête de ses origines, de sa voix et de son héritage.

Le spectacle est un manifeste vibrant pour le respect des traditions africaines et la beauté intemporelle de ses rituels. Acogny et Serre défient les conventions et réinventent le récit autobiographique en fusionnant les influences occidentales et africaines.

→   Lire Plus

Aya Nakamura ou la symphonie d’une vie et d’une voix

— Par Hélène Lemoine —

Au cœur de la ville bruyante de Bamako, au Mali, le 10 mai 1995, Aya Nakamura voit le jour. Elle est née dans un berceau de culture et de tradition, imprégnée des mélodies envoûtantes des griots, ces conteurs-chanteurs qui tissent les récits de l’histoire avec les notes de leurs voix. Son nom, Aya Nakamura, résonne comme une mélodie, un prélude à une carrière musicale qui transcendera les frontières.

Cependant, son destin la mène loin de ses terres natales. Alors qu’elle est encore une enfant, ses parents décident de déménager en France, cherchant de nouvelles opportunités pour leur famille. Aya Nakamura grandit dans la banlieue animée d’Aulnay-Sous-Bois, où les sons de sa nouvelle vie se mêlent aux échos lointains de sa patrie africaine.

Dans ce foyer baigné de musique, Aya nourrit sa passion pour l’art dès son plus jeune âge. Inspirée par l’héritage musical de sa famille, elle explore les différents styles et genres, forgeant ainsi son identité artistique unique. Son nom de scène, Nakamura, est un hommage à son admiration pour Hiro Nakamura, un personnage de la série télévisée « Heroes », dont les pouvoirs s’étendaient au-delà des limites du temps et de l’espace.

→   Lire Plus