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Haïti : un nouveau premier ministre nommé dans un contexte de chaos sécuritaire et politique

Lundi 11 novembre, Haïti a un nouveau Premier ministre. Alix Didier Fils-Aimé, un homme d’affaires de 58 ans, a prêté serment après le limogeage de son prédécesseur, Garry Conille, qui n’était en fonction que depuis cinq mois. Le Conseil présidentiel de transition, chargé de gérer le pays dans cette période de crise aiguë, a pris cette décision après un conflit ouvert entre le gouvernement sortant et cette instance de transition, sur fond de désaccords sur la gestion des ministères clés du pays.

Dans un discours prononcé en direct à la télévision haïtienne, Alix Didier Fils-Aimé s’est engagé à « travailler sans relâche » pour rétablir la sécurité dans le pays, ravagé par la violence des gangs et l’instabilité politique chronique. Il a affirmé : « Je mets mon énergie, mes compétences et mon patriotisme au service de la cause nationale », tout en appelant à une « cohésion » politique indispensable à la relance du pays, privé de président depuis 2021. Le nouveau Premier ministre a également évoqué la nécessité de convoquer des élections, un sujet sensible dans un pays où la dernière élection présidentielle remonte à 2016.

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Haïti : limogeage de Garry Conille, un nouveau coup dur pour le pays en crise

— Par Jean Samblé —

La crise politique haïtienne a pris un tournant inattendu avec le limogeage du Premier ministre Garry Conille, nommé seulement cinq mois plus tôt. Cette décision, attendue pour être officialisée lundi dans le journal officiel, s’inscrit dans un contexte de violences de plus en plus incontrôlables, notamment celles des gangs qui contrôlent désormais 80 % de la capitale, Port-au-Prince. En dépit de son arrivée en juin dernier avec la mission de stabiliser un pays en plein chaos, Garry Conille n’a pas réussi à juguler la violence et l’instabilité qui frappent le pays.

Un Premier ministre en butte à l’impuissance et à la discorde

Le limogeage de Garry Conille intervient après plusieurs semaines de tensions avec le Conseil présidentiel de transition. Selon des sources proches du dossier, ce dernier cherchait à modifier la direction de ministères clés, tels que ceux de la Justice, des Finances, de la Défense et de la Santé, une décision que le Premier ministre a contestée, la qualifiant d’illégale. Un email confidentiel obtenu par l’AFP révèle que Garry Conille n’a pas accepté ce changement de cap et a dénoncé un manque de légitimité dans cette démarche.

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Haïti en crise : une escalade de la violence, une crise humanitaire sans précédent et des défis politiques inextricables

— Par Jean Samblé —
Depuis juillet, la situation en Haïti se dégrade malgré des efforts internationaux et l’activation de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), dirigée par le Kenya. Maria Isabel Salvador, cheffe du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), a dressé un bilan inquiétant au Conseil de sécurité des Nations Unies, soulignant la brutalité croissante des violences, l’ampleur des déplacements forcés et la dégradation générale des conditions de vie. Elle a aussi noté que le processus politique, malgré quelques avancées initiales, se heurte aujourd’hui à des obstacles de plus en plus importants.

Aggravation des violences et de la crise sécuritaire

La situation sécuritaire, déjà précaire, a atteint un niveau critique avec des pics de violence sans précédent. Le massacre de Pont-Sondé, survenu le 3 octobre, illustre cette escalade : des membres du gang « Gran Grif » ont tué au moins 115 civils et blessé des dizaines d’autres. Cet acte brutal témoigne de l’intensification des activités criminelles, qui ne se limitent plus à la capitale, Port-au-Prince, mais s’étendent désormais aux zones rurales.

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La chasse aux Haïtien.nes en République Dominicaine : Une tragédie ignorée

 — Communiqué —
Le 2 octobre dernier, le président Luis Abinader a présidé un conseil militaire dit de défense où il a été décidé de procéder à l’expulsion de 10000 haïtien.es par semaine.

Il faut rappeler que depuis plusieurs années, la République Dominicaine mène une campagne de répression systématique contre les Haïtien.nes et qu’en 2023, elle a expulsé plus de 250000 d’entre eux, soit environ 5000 par semaine.
Depuis le début du mois d’octobre 2024 ils sont déjà plus de 6000 migrant.es d’origine haïtienne refoulé.es vers Haïti dans des conditions dégradantes et en violation de droits humains.

Le plus souvent il s’agit d’hommes, de femmes, d’enfants, de familles entières qui vivent en République Dominicaine depuis plusieurs années et même qui ont été dominicains et qu’on a déchus de leur nationalité.
Ainsi certains sont renvoyés dans un pays qu’ils n’ont jamais connu, privés de leurs droits fondamentaux et de leur citoyenneté pour le simple fait d’être des Dominicains noirs.

En effet, la “chasse aux Haïtiens” se transforme le plus souvent en “chasse aux Noirs”.
Il s’agit d’une politique raciste et xénophobe qui permet au gouvernement de camoufler ses difficultés politiques et économiques et de gagner une popularité par démagogie.

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À propos du linguiste Michel Degraff

Le linguiste Michel DeGraff, actif supporteur du PHTK néo-duvaliériste, est-il également un propagandiste de l’antisémitisme ?

—Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Le présent article consigne une analyse approfondie et rigoureuse de l’ample controverse idéologique et politique qui s’est développée ces derniers mois entre le linguiste haïtien Michel DeGraff et le Département de linguistique du Massachusetts Institute of Technology, le MIT, où il enseigne depuis vingt-huit ans. Loin d’être un fait divers ou un banal différend entre des professionnels du monde académique américain, cette controverse idéologique et politique interpelle et renvoie à des questions majeures qui méritent d’être analysées avec rigueur et débattues publiquement. Ainsi, dans nos universités un enseignant oeuvrant aux États-Unis, en France, au Canada, en Haïti, etc., a-t-il le droit –au nom de la liberté académique–, de faire l’apologie des idées du nazisme ou des idées relevant de la pédophilie ? Un enseignant est-il autorisé à diffuser des idées xénophobes, racistes, homophobes, ou de faire la promotion d’une culture d’infériorisation des femmes couplée à l’apologie du féminicide ou d’une culture du génocide et des idées relevant d’un « nettoyage ethnique » ?

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Haïti : des accusations de corruption ébranlent le nouveau pouvoir

En Haïti, une grave crise politique et institutionnelle secoue le Conseil présidentiel de transition, mis en place en avril 2024 suite à la démission de l’ancien Premier ministre Ariel Henry. Trois membres de ce Conseil, Louis Gérald Gilles, Smith Augustin et Emmanuel Vertilaire, sont au cœur d’une enquête menée par l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC). Ils sont accusés d’avoir sollicité un pot-de-vin de 100 millions de gourdes (environ 685 000 euros) auprès de Raoul Pierre-Louis, président du Conseil d’administration de la Banque nationale de crédit (BNC), en échange de sa reconduction à ce poste stratégique.

L’enquête a révélé que, faute de pouvoir verser cette somme, Pierre-Louis aurait proposé des avantages sous forme de lignes de crédit et de cartes bancaires. Ces avantages ont effectivement été utilisés, et les preuves reposent sur des échanges téléphoniques et des transactions confirmées. Cette situation met en péril la crédibilité du Conseil de transition, chargé de stabiliser Haïti dans un contexte déjà marqué par des crises multiples.

Le scandale éclate alors que Smith Augustin s’apprête à prendre la tête du Conseil dans les jours à venir.

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En Haïti plus de 700 000 déplacés internes face à la violence et à la précarité

Autre aspect de la crise humanitaire d’une ampleur sans précédent,que traverse Haïti l’augmentation dramatique du nombre de déplacés internes. Plus de 700.000 personnes, dont la moitié sont des enfants, ont été contraintes de fuir leur foyer, une conséquence directe de la montée en flèche de la violence des gangs et de la précarité croissante des conditions de vie. Selon les derniers rapports de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), le nombre de déplacés a augmenté de 22% depuis juin, illustrant l’aggravation rapide de la situation.

La majorité de ces personnes, environ 75%, se sont réfugiées dans les provinces, avec un afflux particulièrement massif dans la région du Grand Sud, qui héberge 45% des déplacés. Ces déplacements massifs mettent une pression énorme sur les communautés d’accueil, qui, malgré leur résilience admirable, peinent à répondre aux besoins croissants. Les ressources, déjà limitées, sont insuffisantes pour faire face à la demande en nourriture, soins de santé, et services de base.

La situation à Port-au-Prince reste particulièrement préoccupante. La capitale accueille un quart des déplacés, vivant dans des conditions souvent insoutenables. Les gangs armés y règnent en maîtres, contrôlant des portions importantes de la ville et exacerbant les difficultés pour les habitants et les déplacés.

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Haïti : une crise humanitaire qui perdure, exacerbée par la violence des gangs

— Par Jean Smblé —
Depuis janvier 2024, Haïti vit une escalade sans précédent de la violence, exacerbée par les activités des gangs criminels. Selon l’Organisation des Nations Unies (ONU), plus de 3 600 personnes ont été tuées en seulement quelques mois, illustrant l’ampleur de la crise. Ce pays, déjà marqué par une instabilité politique chronique, fait désormais face à une urgence humanitaire grave, alimentée par des conflits armés et un sous-financement des efforts internationaux.

Une violence en hausse et des répercussions dévastatrices

Haïti, en proie à la violence des gangs depuis des années, a vu la situation se détériorer rapidement ces derniers mois. Le rapport de l’ONU publié en septembre 2024, qui couvre la période de janvier à juin, dresse un tableau sombre : 860 personnes ont été tuées et 393 blessées lors d’opérations de police dans des zones comme Port-au-Prince et d’autres départements autrefois épargnés. Parmi les victimes, des enfants, dont au moins 36, victimes d’un usage disproportionné de la force.

En plus des homicides, la violence sexuelle a pris une ampleur alarmante. L’ONU souligne que les gangs utilisent cette forme de violence comme une arme pour punir, terroriser et contrôler les populations, avec des cas horrifiants de viols collectifs d’enfants, certains âgés de moins de 5 ans.

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Haïti en crise : une spirale de violence et d’urgence humanitaire

— Par Jean Samblé —

Depuis plusieurs mois, Haïti vit l’une des crises humanitaires et sécuritaires les plus graves de son histoire récente. Les gangs criminels contrôlent désormais plus de 80% de la capitale Port-au-Prince et étendent leur emprise sur les principales routes du pays, plongeant la population dans un climat d’insécurité généralisée. Selon l’ONU, au moins 3661 personnes ont été tuées depuis janvier, tandis que plus de 700 000 Haïtiens ont dû fuir leurs foyers, dont plus de la moitié sont des enfants. Cette montée de la violence exacerbe une situation déjà désespérée où près de cinq millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire aiguë.

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a dénoncé cette spirale de violence, appelant à une intervention internationale urgente. « Aucune autre vie ne devrait être perdue du fait de cette criminalité insensée », a-t-il déclaré, soulignant l’importance d’un embargo efficace sur les armes, qui continuent d’affluer dans le pays malgré les sanctions en place. Les gangs utilisent non seulement la violence physique, mais aussi la violence sexuelle comme arme de terreur, des enfants étant souvent victimes de viols collectifs.

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Survivance et modélisation de la cleptocratie au Fonds national de l’éducation en Haïti

Lettre ouverte à l’Unité de lutte contre la corruption

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

« La ’’cleptocratie’’ désigne l’action des gouvernants qui pillent, détournent et volent, sans sourciller et impunément, les biens de l’État ou les deniers publics » (Adja François Assemien, « Les dangers de la République : politologie salvatrice », Éditions Afro-Star, 2005)

M. Hans Jacques Ludwig Joseph
Directeur général
Unité de lutte contre la corruption (ULCC)
13, rue Sapotille
Port-au-Prince
Haïti

Montréal, le 6 septembre 2024.

OBJET : État des lieux, à l’ULCC, du dossier de la corruption au Fonds national de l’éducation au regard des poursuites judiciaires à venir.

Monsieur le Directeur général,

Je suis particulièrement ravi que l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC) ait récemment entrepris –dans le contexte particulier du vingtième anniversaire de son combat citoyen contre la corruption en Haïti–, de « fournir à la Justice haïtienne 7 rapports d’enquêtes finalisés mettant en évidence des infractions bien identifiées et rigoureusement documentées pour détournement de biens publics, enrichissement illicite, blanchiment du produit du crime, concussion, abus de fonction, délit d’initié et prise illégale d’intérêt (…) » couvrant la somme de 614 millions de Gourdes.

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Tragédie au large d’Haïti : un bateau de migrants prend feu, faisant 40 Morts

Un drame a frappé Haïti le 17 juillet, lorsqu’un bateau de migrants a pris feu au large des côtes, causant la mort d’au moins 40 personnes et blessant plusieurs autres. Selon l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), l’incident met en lumière la crise profonde qui secoue ce pays des Caraïbes, gangrené par les violences des gangs et une instabilité chronique.

Le bateau, transportant plus de 80 personnes, avait quitté Labadie, dans le nord d’Haïti, en direction des îles Turques-et-Caïques, un archipel situé à 250 kilomètres. L’incendie s’est déclenché lorsqu’un passager a allumé une bougie pour une cérémonie vaudoue, provoquant une explosion en présence d’essence à bord. Les rites vaudous, souvent pratiqués par les migrants pour protéger leur traversée, se sont révélés fatals cette fois-ci.

Les gardes-côtes haïtiens ont secouru 41 migrants, désormais pris en charge par l’OIM. Onze blessés, dont sept dans un état grave, ont été transportés à l’hôpital. Arold Jean, porte-parole de la police haïtienne du département Nord, a confirmé que les recherches se poursuivent pour retrouver d’autres survivants et qu’une enquête a été ouverte pour démanteler les réseaux organisant ces voyages clandestins.

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Un enfant est déplacé chaque minute à Haïti en raison des violences armées – UNICEF

Plus de 300 000 enfants sont désormais déplacés à l’intérieur du pays, un chiffre en hausse de 60 % depuis le mois de mars.

Port-Prince/ New-York, le 2 juillet 2024 – Alors que les violences perpétrées par les groupes armés se poursuivent à Haïti, le nombre de déplacements d’enfants à l’intérieur du pays a augmenté de 60 % depuis le mois de mars, soit un rythme équivalent à un enfant déplacé chaque minute.

Selon les dernières estimations, près de 600 000 personnes, dont la moitié sont des enfants, sont désormais déplacées à l’intérieur du pays et ont besoin d’une aide humanitaire urgente.

« Les enfants à Haïti continuent de faire face à une multitude de dangers, notamment à des violences terribles et à des niveaux critiques de déplacement », déplore Catherine Russell, Directrice générale de l’UNICEF. « Les enfants sont les premières victimes de cette crise humanitaire qui se déroule sous nos yeux. Les enfants déplacés ont désespérément besoin d’un environnement sûr et protecteur, ainsi que d’un soutien et d’un financement accrus de la communauté internationale. »

Les enfants et les adolescents déplacés à Haïti sont davantage exposés à la violence, notamment aux agressions, à l’exploitation et aux abus sexuels, et sont plus susceptibles d’être séparés de leur famille.

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L’arrivée du premier contingent de policiers kényans à Port-au-Prince

Après des mois de préparation, le premier contingent de policiers kényans est arrivé mardi 25 juin 2024 à Port-au-Prince, dans le cadre de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) en Haïti. Cette mission, autorisée par les Nations Unies, vise à rétablir la sécurité dans le pays, en proie à une violence endémique des gangs.

Le président kényan William Ruto a tenu une cérémonie officielle à l’Académie de police d’Embakasi à Nairobi, avant le départ de ces policiers. Lors de cette cérémonie, il a rappelé à ses hommes l’importance de leur mission et la nécessité de respecter les droits humains. « Cette mission est l’une des plus urgentes, importantes et historiques de l’histoire de la solidarité mondiale », a déclaré le président Ruto.

Peu après minuit, les 400 policiers ont embarqué dans un avion de la Kenya Airways et ont quitté Nairobi. Le lendemain, leur avion a atterri à l’aéroport Toussaint Louverture de Port-au-Prince, où ils ont été accueillis par le ministre haïtien de la Justice et de la Sécurité publique. Habillés en treillis militaire, casqués et armés, ils ont immédiatement pris leurs postes pour commencer leur mission.

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Gary Conille ou Nesmy Manigat : lequel des deux est le véritable Premier ministre d’Haïti ?

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Paru sur le site Rezonòdwès le 20 juin 2024, l’article « Haïti – Plus ça change, plus c’est pareil : les six faux pas de Garry Conille, selon Josué Mérilien » a particulièrement retenu notre attention. L’on observe que la section 6 de cet article, qui a pour titre « Choix controversé de Nesmy Manigat », renferme une critique à visière levée de la désignation de l’ancien ministre de facto de l’Éducation nationale, « au bilan désastreux », à titre de Directeur de cabinet du Premier ministre Gary Conille.

La section 6 de l’article se lit comme suit :

« Le choix de l’ancien ministre Nesmy Manigat comme directeur de cabinet du Premier ministre va à contre-courant des promesses d’écarter les membres de l’ancien gouvernement du Dr Ariel Henry. Le professeur Josué Mérilien critique sévèrement Nesmy Manigat, un ancien ministre au bilan désastreux à la tête du ministère de l’Éducation nationale ».

Premier rappel, pour mémoire — Enseignant de carrière, coordonnateur de l’Union nationale des normaliens haïtiens (UNNOH) et syndicaliste respecté, Josué Mérilien est l’auteur du livre « Haïti, éducation à la citoyenneté : enjeux et perspectives » (Les Engagés éditions, 2018).

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Un nouveau gouvernement nommé en Haïti pour tenter de sortir de la crise

— Par Jean Samblé —

Un nouveau gouvernement a été constitué en Haïti pour relever l’un des défis sécuritaires et humanitaires les plus urgents au monde. Le pays, parmi les plus pauvres du globe, est en proie à près de deux cents gangs qui rackettent, tuent, violent et kidnappent en toute impunité sur la majeure partie du territoire. L’État haïtien, avec seulement 500 militaires mal équipés, mal formés et sous-payés, est quasiment inexistant, comme l’illustrent les récentes attaques contre des commissariats et les évadés massifs qui en ont résulté, ainsi que les nombreux enlèvements, atteignant 857 cas l’an dernier selon le Centre d’analyse et de recherches en droits humains (CARDH).

Les services publics essentiels tels que l’eau, l’électricité et les transports sont totalement dysfonctionnels. Avec un salaire mensuel moyen de 130 dollars, les Haïtiens peinent à subvenir à leurs besoins de base, le marché de l’essence étant dominé par des trafiquants. La situation sanitaire est catastrophique avec des épisodes récurrents de choléra, et près de la moitié des onze millions de citoyens souffrent de malnutrition. L’indice de développement humain, incluant l’alphabétisation, l’espérance de vie et la mortalité infantile, est parmi les plus bas au monde.

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Nouveau gouvernement en Haïti : une mission périlleuse pour la sécurité et la stabilité

— Par Jean Samblé —
Le 11 juin, un nouveau gouvernement a été formé en Haïti avec pour objectif de rétablir la sécurité et la stabilité dans un pays ravagé par la violence des gangs. Cette formation fait suite à la nomination par le conseil présidentiel de transition d’un Premier ministre intérimaire, Garry Conille, dont la désignation avait été actée deux semaines auparavant. L’arrêté détaillant les membres du nouveau cabinet a été publié dans Le Moniteur, le journal officiel haïtien. Garry Conille, médecin de formation et ancien directeur régional pour l’Unicef, exercera également les fonctions de ministre de l’Intérieur. Dominique Dupuy, représentante d’Haïti à l’Unesco, sera en charge des Affaires étrangères.

Un contexte de crise multidimensionnelle

Depuis des décennies, Haïti est plongée dans une instabilité politique chronique. La situation s’est aggravée fin février lorsque les gangs, déjà responsables de violences dans de nombreuses régions du pays, ont coordonné des attaques contre des sites stratégiques, affirmant vouloir renverser l’ex-Premier ministre Ariel Henry. Celui-ci, très contesté, a annoncé sa démission le 11 mars, permettant ainsi la mise en place d’un conseil présidentiel de transition en avril.

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Maltraitance et violence dans les écoles haïtiennes

— Par Dr Charles Tardieu, Ph.D.,  Ex Ministre de l’éducation —

Port-au-Prince le 30 mai 2024

Bonjour aux éducatrices et éducateurs d’Ayiti.

Je suis un enfant des années 1950-60. Un adolescent des années 1965.

Aujourd’hui, on observe une recrudescence des actes de violence physique et de maltraitance dans le système éducatif à travers le pays. On signale aussi une recrudescence de la violence sexuelle sur les filles dans les écoles un peu partout dans notre pays. Ces pratiques de violence semblent se multiplier et les ministères y répondent par des sanctions ciblées contre les contrevenants et des communiqués informant le public.

Qui aime bien châtie bien !

Notre génération, parents et éducateurs, adultes aujourd’hui, nous avons bien appris, pour les avoir vécues, les deux vérités sur l’arsenal disciplinaire, répressif, à la disposition des responsables chargés de notre éducation. Nous avons tous entendu parler des pratiques encore plus sévères peu avant notre époque :

– qui aime bien châtie bien, et

– ti nèg se ak baton ou leve sa.

Dans les années 1976-80, à la faveur de la « Réforme Bernard », de grandes dispositions, mesures et campagnes ont été adoptées et mises en œuvre pour contrer ces pratiques répressives largement utilisées en guise de méthodes disciplinaires dans le système éducatif.

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Haïti : Garry Conille comme nouveau Premier ministre intérimaire

— Par Sarha Fauré —

Le 28 mai, le Conseil présidentiel de transition en Haïti a unanimement désigné Garry Conille comme nouveau Premier ministre intérimaire, remplaçant Ariel Henry après sa démission en mars due à l’escalade de la violence des gangs. Âgé de 58 ans, Conille, qui a déjà dirigé le gouvernement haïtien pendant six mois entre 2011 et 2012, occupe actuellement le poste de directeur régional du Fonds des Nations unies pour l’enfance pour l’Amérique latine et les Caraïbes depuis janvier 2023.

Sa nomination intervient dans un contexte de crise profonde. Haïti est en proie à des troubles politiques, sécuritaires et humanitaires sans précédent. Port-au-Prince, la capitale, est contrôlée à 80 % par des bandes criminelles accusées de multiples exactions, incluant meurtres, viols, pillages et enlèvements contre rançon. La situation sécuritaire déplorable a conduit à une grave crise humanitaire, exacerbée par des pénuries de nourriture, de médicaments et d’autres produits essentiels. Le système de santé, déjà au bord de l’effondrement, est maintenant menacé par l’étranglement de la chaîne d’approvisionnement, selon l’Unicef.

Les violences ont culminé fin février avec des attaques coordonnées des gangs sur des sites stratégiques de la capitale, visant à renverser le gouvernement de Henry.

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Haïti : vers une gouvernance en transition, entre dissensions Internes et pressions externes

— Par Jean Samblé —

La scène politique en Haïti demeure tendue alors que le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) cherche toujours son rythme de croisière. Face à des dissensions internes persistantes, les membres du CPT ont récemment opté pour une approche de présidence tournante, dans l’espoir de stabiliser la gouvernance provisoire du pays.

Cette décision, annoncée après de longues délibérations, reflète les défis auxquels est confronté le CPT depuis sa création il y a quelques semaines. Initialement prévu pour être dirigé par un coordonnateur unique, le Conseil a dû revoir sa stratégie à la lumière des désaccords persistants sur le choix du leader.

Désormais, la présidence du CPT sera confiée successivement à quatre de ses membres, chacun ayant un mandat de cinq mois pour diriger la transition. Edgar Leblanc Fils inaugurera cette rotation, suivi par Fritz Alphonse Jean, puis Leslie Voltaire et enfin Louis Gérald Gilles. Cette approche vise à assurer une représentation équitable des différents blocs politiques au sein du Conseil, mais soulève également des questions quant à la stabilité et à la continuité de la gouvernance.

Outre la question de la présidence tournante, d’autres points cruciaux ont été discutés lors des récentes réunions du CPT.

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Haïti entre lueur d’espoir et ombre de la corruption : révélations sur fond de crise politique

Trois jours après sa création le le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) est déjà en crise!

— Par Jean Samblé —
Depuis le tumulte qui a secoué les fondations de la politique haïtienne, une lueur d’espoir semble percer les nuages d’incertitude. Dans les coulisses du pouvoir, où les alliances se font et se défont, une possible issue à la crise qui étreint le pays émerge timidement.

La semaine dernière, le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) avait jeté le pays dans une confusion totale en désignant, sans consultation publique ni scrutin, le Président du groupe ainsi que le Premier ministre. Une décision qui avait provoqué un tollé parmi les membres du Conseil et la population haïtienne, laissant planer un lourd poids d’illégitimité sur les épaules du nouveau gouvernement.

Cependant, les récentes nouvelles semblent indiquer un revirement dans la tempête politique qui gronde. Les quatre membres majoritaires du CPT, à l’origine de la nomination controversée, ont accepté de faire marche arrière. Ils ont convenu de choisir le leader du gouvernement de transition parmi une liste de candidats, conformément aux accords préalablement établis le 3 avril dernier.

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La corruption au Fonds national de l’éducation en Haïti 

Ce que nous enseignent l’absence d’états financiers et l’inexistence d’audits comptables entre 2017 et 2024

  —Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Publié le 20 avril 2024 sur plusieurs sites en Martinique, en France et aux États-Unis, traitant d’un sujet majeur de société et amplement diffusé par courriel auprès de milliers de destinataires, notre article « Le Fonds national de l’éducation en Haïti, un système mafieux de corruption créé par le PHTK néo-duvaliériste » a eu un écho considérable comme en témoignent les correspondances qui nous ont été acheminées. Par son approche analytique et documentée, cet article a mis en lumière le fait que le Fonds national de l’éducation (FNÉ), à l’instar du PSUGO, est au sommet d’une vaste entreprise de corruption et de détournement des ressources financières de l’État dans le système éducatif national haïtien. Les nombreuses et pertinentes références documentaires que nous avions fournies, en plus d’éclairer et de conforter notre analyse, ont permis aux lecteurs de mieux comprendre en quoi consiste la corruption systémique qui sévit au Fonds national de l’éducation. Le présent article approfondit l’analyse élaborée dans celui du 20 avril 2024 et il explore amplement, documents à l’appui, l’une des caractéristiques majeures du FNÉ, à savoir l’invisibilisation des données financières qui est au cœur du dispositif de la corruption systémique au Fonds national de l’éducation.

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Haïti : le Conseil de Transition se choisit Edgard Leblanc Fils comme Président

Après la démission du Premier ministre contesté, Haïti entre dans une nouvelle ère sous la houlette du tout nouveau Conseil de transition. Lors d’une cérémonie solennelle, retransmise en direct à la télévision haïtienne, l’annonce retentit : Edgard Leblanc Fils, figure politique respectée, est désigné pour présider cet organe crucial.

Issu du Collectif du 30-Janvier, un regroupement politique comprenant notamment le PHTK de l’ancien président assassiné Jovenel Moïse, Edgard Leblanc Fils prend la barre dans une période critique. Son rôle de coordination au sein du Conseil est essentiel alors que le pays est en proie à une violence incessante perpétrée par des gangs.

Dans un discours poignant, en créole, il exprime sa détermination à restaurer la sécurité, une condition sine qua non pour mener à bien la mission première du Conseil : organiser des élections transparentes et crédibles d’ici le 7 février 2026, date à laquelle le mandat de l’organe devra prendre fin.

Mais le Conseil ne se limite pas à la présidence. Une autre nomination importante émerge : celle de Fritz Bélizaire au poste de Premier ministre. Ancien ministre des Sports, il apporte une expertise précieuse dans ce contexte complexe.

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« Haïti brûle, cessons de regarder ailleurs. »

 Un appel du conseil d’administration de la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage en faveur du peuple haïtien.

Dans une déclaration adoptée par son conseil d’administration le 4 avril 2024, la FME appelle à la solidarité en faveur du peuple haïtien, alors que la capitale et une partie du pays sont otages des gangs criminels. Le CA de la FME demande plus particulièrement au gouvernement français :

-d’assumer son rôle de puissance membre permanent du conseil de sécurité des Nations Unies en travaillant à une réponse internationale rapide, à la mesure de l’ampleur de la crise ;

-d’adapter sa politique d’accueil des réfugiés haïtiens, notamment en suspendant toutes les obligations de quitter le territoire français vers Haïti, au regard de l’extrême gravité de la situation dans le pays ;

-de mobiliser davantage en faveur d’Haïti les outils qu’elle a mis en place ou auxquels elle participe, comme le programme PAUSE pour les scientifiques et les artistes en exil, ou l’Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones en conflit ;

-d’ouvrir la question de la réparation à l’égard du peuple haïtien, comme nous y invite un mouvement mondial dans lequel d’autres démocraties européennes se sont déjà engagées, comme l’Allemagne et les Pays-Bas ;

-d’inviter les institutions françaises dont l’histoire est indissolublement liée à l’histoire d’Haïti à s’associer elles aussi à cette démarche de reconnaissance, comme l’ont fait avant elles des institutions telles que les banques nationales d’Angleterre et des Pays-Bas.

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La dette historique d’Haïti envers la France : un fardeau financier et moral à décharger

Que la France rembourse à Haïti les milliard de dollars extorqués comme « rançon » de l’indépendance!

— Par Jean Samblé —

Depuis son émancipation en 1804, Haïti a été confrontée à un fardeau financier hérité de son passé colonial. À cette époque, le pays nouvellement indépendant a dû verser à la France une somme exorbitante de 150 millions de francs-or en échange de sa reconnaissance internationale et de la garantie de sa souveraineté. Cette somme, imposée sous la menace d’une intervention militaire française, représentait alors plus de dix fois le budget annuel de la France.

Ce paiement, exigé pour compenser la perte des propriétés et des revenus des colons français après la révolution haïtienne, a plongé Haïti dans un cycle de dette et de dépendance économique qui perdure jusqu’à nos jours. En effet, l’île a dû emprunter des fonds importants sur les marchés internationaux pour honorer cette dette, ce qui a contribué à son endettement croissant au fil des ans.

La dette contractée par Haïti envers la France était non seulement financière, mais aussi morale. Elle symbolisait les séquelles persistantes de l’esclavage et de la colonisation, et rappelait la manière dont les anciennes puissances coloniales ont exploité les richesses des colonies pour leur propre bénéfice, au détriment des populations locales.

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Haïti : meurtres en hausse de 50% au premier trimestre, selon un rapport de l’ONU

— Communiqué de presse du BINUH(*) —

Port-au-Prince, le 19 avril 2024 : Au cours du premier trimestre de l’année 2024, le BINUH a enregistré 2.505 personnes de meurtres et de blessures à la suite de violences liées aux gangs, une augmentation de plus de 53 % par rapport à la période précédente (octobre-décembre 2023), faisant des trois premiers mois de 2024 la période la plus violentedepuis au moins le début de 2022.Parallèlement, au moins 438 personnes ont été enlevées contre rançon, dans les départements de l’Ouest et de l’Artibonite.

Le plus grand nombre de victimes de meurtres et de blessures a continué d’être documenté dans la capitaleoù, dans la continuité des violences documentées à la fin de l’’année 2023, des affrontements extrêmement violents entre gangs se sont multipliés en janvier et février, motivés principalement par l’expansion territoriale.

Cependant, à partir du 29 février, avec l’intention autoproclamée d’expulser le gouvernement en place, la plupart des gangs ont changé de tactique et coordonné des attaques d’envergure contre des institutions publiques et les infrastructures stratégiques.Plus de 4.600 détenus se sont évadés des deux principales prisons de la capitale, au moins 22 commissariats et sous-commissariats et bâtiments de police ont été saccagés ou incendiés, et 19 officiers de police ont été tués ou blessés.

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