— Par Christophe Dejours* —
Comment de telles énormités peuvent-elles devenir la référence obligée de tous les discours ? Si c’est vraiment la guerre, alors la fin justifie les moyens. On peut décréter la mobilisation générale, et s’il y a des victimes, c’est qu’il ne peut en aller autrement. La guerre économique vaut pour une absolution des puissants
La guerre économique est un slogan annonçant une ère de catastrophes qui réalisera un partage sans pitié entre ceux qui seront sauvés et ceux qui seront broyés. Guerre étrange qui éclate sans bombe et sans char, sans soldat et sans armée ! Une guerre si différente de celle de Bosnie ou du Vietnam que ce n’est tout simplement pas une guerre. La guerre économique est seulement une métaphore. Faire passer la métaphore pour la chose même, c’est risquer le délire. Ainsi Jean-Pierre Chevènement a-t-il affirmé naguère devant une convention nationale du PS la nécessité d’apporter » une riposte politique » à la guerre économique qu’il a qualifiée de » troisième guerre mondiale « . De même, Edith Cresson, lorsqu’elle était ministre des affaires européennes, avait-elle préconisé la création en France d’un » haut commandement de la guerre économique « .