— Par Selim Lander —
« Tu sais, le cœur et la raison, c’est du pareil au même. Tu diras […] : On répète comme ça que le garçon de Bienaimé, ce nègre qui s’appelle Manuel, a découvert une source. Mais il dit que c’est tout un tracas de l’amener dans la plaine, qu’il faudrait faire une coumbite général, et comme on est fâchés, ce n’est pas possible et la source restera là où elle est sans profit pour personne. » (Gouverneur de la rosée, p.121).
Le héros du roman de Jacques Roumain, s’adresse ainsi à son amour, la belle Annaïse, ou plus simplement Anna (« sa gorge était haute et pleine, et sous le déploiement de sa robe, la noble avancée des jambes déplaçait le dessin épanoui de son jeune corps », p. 113) pour lui exposer son projet : dans une contrée haïtienne ravagée par la déforestation et la sécheresse, il a, lui le miraculeux, trouvé à l’aide de ses mains (son nom est « Manuel) la source qui peut ramener la prospérité à condition que toute le village s’y mette (prolétaires, unissez-vous !).