— Par Michel Pennetier —
« Les révoltes et les révolutions ont toujours
pour responsables les gouvernants »
(Goethe, « Conversations avec Eckermann »)
Que ce soit le prix du pain en 1789 ou le prix de l’essence en 2018, le déclenchement d’un mouvement de masse est toujours anecdotique, spontané, aveugle. Que s’y joigne une pensée élaborée par une élite depuis un certain temps comme ce fut le cas au 18e siècle, que la classe dirigeante elle-même perçoive que l’ancien régime n’est plus viable, alors la révolte aveugle peut se transformer en révolution, c’est-à-dire en l’élaboration très complexe d’un nouveau type de gouvernance. Celle-ci aurait pu sans doute émerger sans l’épisode révolutionnaire comme en Angleterre, c’est-à-dire par évolution. Mais les dirigeants de la France n’en ont pas été capables.
La nostalgie de la révolution
Nous, Français, vénérons l’épisode révolutionnaire, à juste titre puisqu’il a proclamé les grands idéaux démocratiques, Mais nous oublions combien de sang et de larmes la révolution a coûté et il a fallu un siècle, justement par évolution, pour que ces idéaux entrent peu ou prou dans la réalité.