— Par Baptiste Eychart —
Marxisme,orientalisme, cosmopolitisme. de Gilbert Achcar, Actes Sud, 256 pages, 21 euros.
Il est paradoxal que l’orientalisme soit aussi diffus de nos jours alors qu’il a fait l’objet de critiques aussi vigoureuses que justifiées, notamment sous la plume d’Edward Saïd. On pouvait croire que les conceptions
aux relents manifestement coloniaux qui font de l’Orient un « autre » totalement antinomique au monde occidental n’étaient plus tenables. Que l’accès aux indépendances pour lesquelles s’étaient battus les peuples du Sud avait démontré que l’Orient n’était en rien figé hors de l’histoire. Or il n’en est rien puisque l’on sait que orientalisme subsiste, que cela soit sous une forme universitaire et sophistiquée – on pense aux travaux de Bernard Lewis -. ou sous une forme vulgaire à destination du grand public à la manière de la presse de droite telle que le Point ou Valeurs actuelles.
Gilbert Achcar a donc toutes les raisons de revenir sur la question dans un recueil d’articles que viennent de publier les éditions Actes Sud : Marxisme, orientalisme, cosmopolitisme. Acceptant les conclusions d’Edward Saïd sur l’orientalisme, il en pointe toutefois avec honnêteté un certain nombre de faiblesses: une connaissance bien plus profonde de la littérature que de la philosophie et de vraies insuffisances clans le domaine des sciences sociales.