Depuis décembre 2000, la loi d’orientation pour l’Outremer ouvre la possibilité pour la Guadeloupe, en sa qualité de département d’outremer, de changer de statut en s’affranchissant du carcan institutionnel que représentait l’article 73 de la Constitution. La révision constitutionnelle du 28 mars 2003 relative à l’organisation décentralisée de la République précise les modalités juridiques d’une telle possibilité. Depuis, les Conseils départemental et régional ont enfilé les Congrès sur le thème de l’évolution institutionnelle, sans réellement parvenir à éveiller l’intérêt des Guadeloupéennes et des Guadeloupéens pour le sujet.
La question du changement est posée en Guadeloupe depuis les années 50. À l’époque, sous un angle essentiellement politique. Elle divisait les départementalistes et les « progressistes » sur les thèmes de l’assimilation et de l‘émancipation. À partir des années 80, l’élément nouveau est l’introduction de la dimension gestionnaire dans la problématique du changement. Aujourd’hui, on ne peut pas dire que l’indifférence du public à l’égard des projets d’évolution institutionnelle soit directement liée à la difficulté pour les citoyens de maîtriser les subtilités techniques de ces projets. Elle s’expliquerait plutôt par le fait qu’il est impossible dans l’imaginaire commun en Guadeloupe, d’isoler la dimension gestionnaire d’une interrogation sur ses conséquences sur l’avenir politique de notre pays.