Le poète symboliste belge Georges Rodenbach publie, dans Le Figaro, un article sur Arthur Rimbaud (un colon en Abyssinie?) le 12 août 1898.
Arthur Rimbaud par Georges Rodenbach
L’Abyssinie est d’actualité. Les ambassadeurs abyssins visitent la France après avoir promené dans Paris leurs manteaux brodés d’or et leurs pagnes de cotonnade. En même temps qu’eux, arrivait le comte Leontieff, ramené par une malencontreuse blessure reçue là bas. Et ces derniers jours, le prince d’Orléans nous donna ses impressions publiques sur l’Abyssinie :
» Tant de voyageurs français viennent de redescendre tous plus ou moins désillusionnés sur le compte de l’Abyssinie et des Abyssins. Aujourd’hui, en effet, les routes sont ouvertes, largement parcourues.
Illustration : Rimbaud au Harar.
Or, n’est ce pas curieux de songer qu’il y eut là un précurseur tout à fait imprévu et extraordinaire, un voyageur d’âme aventureuse qui n’était ni un explorateur ni un envoyé, ni un missionnaire, mais tout simplement un poète devenu marchand, c’est-à dire cet étonnant Arthur Rimbaud, l’ami de Verlaine, si en vogue dans les chapelles littéraires de ces dernières années ? Oui !