— Par George Aboueldahab(*), Myriam Kessari(*) & Florence Palpacuer(*) —
Moins de 3 % des graines traditionnellement cultivées par l’homme sont aujourd’hui utilisées pour la production alimentaire mondiale. Et pour cause, celles-ci sont, dans de nombreux pays, tenues hors des circuits commerciaux. Si les semences dites « de ferme » continuent ainsi d’occuper une place importante dans les agricultures vivrières des pays du Sud, ce sont les semences industrielles qui assurent les volumes massifs de production à l’échelle globale. La France figure à cet égard parmi les pionniers du paradigme industriel qui s’appuie, dès les années 1930, sur des critères de standardisation par lesquels les semences sont rendues prévisibles, productives et commercialisables.
Un vaste marché s’est depuis élaboré autour de semences devenues standardisées, dont la diversité inhérente au vivant se trouve exclue, comme le sont une multitude de semences issue d’écosystèmes variés. Face à cette mainmise marchande cependant, certains acteurs entrent en résistance en continuant de pratiquer la culture et l’échange de semences dites paysannes. Ils s’interrogent quant aux façons les plus adéquates de mettre en commun ces semences et les connaissances qui leur sont liées, pour promouvoir un autre rapport au vivant dans notre relation à l’agriculture et l’alimentation.