— Par Gary Klang —
L’idée de cet article me vint de Gaston Miron lui-même qui m’invitait à la comparaison :
« La lecture de Césaire me bouleversera en raison d’une parenté à mon insu très proche…»
Malgré des différences, il y a de grandes similitudes entre le poète du Québec et celui de la négritude, deux écrivains engagés, investis d’une mission sacrée : exprimer l’être de leur peuple à partir d’un sentiment d’aliénation, analysé brillamment par Hegel que cite Miron :
«Aliénation : traduction de Entfremdung. Hegel : dépossession. Ne plus s’appartenir. Devenir étranger à soi-même »
Miron est étranger dans sa province, et Césaire, dépossédé de son identité dans le département français de la Martinique, en étrange pays dans son pays lui-même. Une des raisons pour lesquelles il parle si souvent de Toussaint Louverture, du Roi Christophe et d’Haïti qui, elle, a arraché son indépendance aux troupes de Napoléon, acquérant ainsi un sentiment profond de devoir accompli qui lui permettra de supporter bien des malheurs. Césaire est un homme en colère et Miron, un être qui porte sa tristesse en écharpe, d’où le sentiment de faim et de soif qu’ils expriment dans leurs poèmes :
« Nous avons soif de toutes les eaux du monde
Nous avons faim de toutes les terres du monde » (Miron)
« Ce que je veux
c’est pour la faim universelle
pour la soif universelle » (Césaire)
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