S’appuyant sur de nombreux documents d’archives, la chorégraphe traduit scéniquement dans «OVTR» («On va tout rendre»), le récit effarant des prédations anglaises de marbres antiques à l’Acropole toujours réclamés en vain par Athènes.
— Par Elisabeth Franck-Dumas —
Ingrédients d’une tragédie : une jeune femme est violemment enlevée de son pays natal, la Grèce, et rapportée de force au Royaume-Uni où elle croupit encore. Bon, OK, la jeune femme est en marbre. Mais quand même : l’on vous met au défi de ne pas verser une larme lorsque vous la verrez rouler sur scène, enveloppée dans son papier bulle, voguant vers l’Angleterre accompagnée du Wuthering Heights déchirant de Kate Bush. «I’ve come home !» Je suis rentrée à la maison !
On peut toujours rêver – que Catherine retrouve Heathcliff dans les Hauts de Hurlevent et que la cariatide retrouve enfin ses cinq sœurs de l’Acropole, deux siècles après avoir été arrachée à la scie du temple d’Erechteion par un certain Lord Elgin, qui entendait l’utiliser pour décorer sa maison de campagne écossaise… Vertement critiqué à l’époque, notamment par Byron et Chateaubriand, Lord Elgin se débarrassa vite des objets de son méfait en les vendant au British Museum.